Cassel 2023, un autre Enfer du Nord

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Il y avait deux écoles ce week-end, entre Hazebrouck et Cassel. Il y avait le traditionnel concours des pronostics pour miser sur qui succédera à Florian Sénéchal au palmarès du Championnat de France Elite, et un autre jeu. En conférence de presse, Julien Bernard lève le voile sur ce dernier. "Hier, j’ai dit à mon meilleur pote, Quentin Pacher, qu’on serait 30 à l’arrivée. Il m’a dit 36, donc c’est moi qui suis le plus près", rigole le médaillé de bronze. La réponse était bien en-dessous des pronostics des deux professionnels. Seuls 23 coureurs ont rallié l’arrivée en haut de Cassel. Il s’agit d’un record depuis l’édition 1999, où François Simon avait devancé quinze autres concurrents, au circuit auvergnat de Charade. L’année précédente, toujours à Charade, 25 coureurs avaient franchi la ligne, pour un succès de Laurent Jalabert.

« C’EST PIRE QUE CE QUE L’ON POUVAIT IMAGINER »

Il faut dire que la célèbre commune du Nord, qui a l’habitude d’accueillir les 4 Jours de Dunkerque, a promis l’enfer à ceux qui se sont collés à son parcours. Dès la reconnaissance, Rudy Molard a compris. "C'était terrible, quand j'ai fait la reco, je me suis dit que ce n'était pas possible de faire si dur. J'ai prévenu Thibaut (Pinot). Je lui ai dit : « fais du jus toute la semaine parce que ça va être dur ». Il a dit « ça monte deux fois trois minutes, ce n'est pas dur ». Résultat on est 23 à l'arrivée", rigole le médaillé d’argent. Déjà en voyant la course amateur, avec 130 abandons, on a vite compris ce qui allait se passer dimanche avec cinq tours en plus. C'était sûr que ça allait être terrible". Et malgré la difficulté sur le papier et les reconnaissances… "C’était pire que ce que l’on pouvait imaginer. Surtout vu comment on a fait la course dès le départ, je suis mort. Je suis vraiment au bout de mes forces", souffle Romain Grégoire.

Au total, seize ascensions de la Rue d’Aire, un cauchemar de plus d’un kilomètre avec une pente irrégulière, et un chiffre qui tourne autour des 20% à son point le plus raide. "J’ai déjà fini aussi cramé sur des étapes de montagne sur le Tour mais c’est tout. Sur une course d’un jour, c’est la première fois", admet Anthony Perez. Car en plus de cette arrivée, il y a une côte pavée à manger autant de fois, de l’autre côté du Mont Cassel. "Sur les pavés, au début, quand on est bien on a l’impression de voler dessus et quand on est mort, on a l’impression de rebondir sur chaque pavé, c’est horrible", explique Romain Grégoire. "Le plus dur était la bosse en pavés à la fin. Les trois derniers tours, je ne pouvais plus serrer mes freins ou changer mes vitesses, tellement j’avais mal aux bras, ajoute Julien Bernard. Je ne suis pas un mec des pavés, je n’en ai pas fait beaucoup dans ma vie. J’ai serré les dents, c’est passé tous les tours même si c’était un peu chaud lors du dernier".

« PAS UN MOMENT DE RÉPIT »

Lanterne rouge de l’épreuve, Mathis Le Berre s’est accroché pour finir, avec son coéquipier Clément Champoussin. "C’était difficile physiquement et mentalement. Les pavés ajoutent beaucoup de fatigue. Il faut rester concentré et piloter. On est une vingtaine à finir, ça montre la difficulté de la course". Ce court circuit de 13,8 kilomètres supprimait toute chance de souffler. "L'usure, beaucoup de dénivelé, peu de temps de récupération… Les parties droites étaient vent de dos donc ça passait très vite. C'était vraiment difficile", rappelle Rudy Molard. "Ce n’est pas une surprise. C’était très dur. Les bosses revenaient tellement vite avec les pavés. Il y avait une combinaison pour faire quelque chose de super dur", ajoute Tony Gallopin. 

Et en plus du circuit, la chaleur s’est mêlée à la fête. Beaucoup ont fini avec les tenues marquées par le sel. "C’était insoutenable" pour Tony Gallopin. "Au bout de cent bornes, tout le monde était cuit et à bloc. Avec la chaleur, c’était dur", explique Victor Lafay. "C’est clair que ça a joué un rôle, il n’y avait pas un moment de répit", ajoute Romain Grégoire. Quant à Anthony Perez, il pense que certains ont "complètement cassé le moteur" à cause de la chaleur. "On l’a vu avec Benoit Cosnefroy, personnellement je n’avais jamais fait une course aussi dure". Elie Gesbert ne dira pas le contraire. "Je pense qu’un parcours aussi dur sur un Championnat de France, c’est du jamais vu. J’ai fait toute la course devant. Je suis allé au bout, je n’ai plus rien". L'expérience de Rudy Molard en dit long. "Ça doit être mon douzième Championnat, je n'ai jamais fait aussi difficile". À une semaine du Tour, Cassel pourrait laisser des traces. Autres que celles que ce Championnat laissera dans l’histoire.



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Portrait de Julien BERNARD
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