Emil Herzog : « Le sprint le plus dur de toute ma vie »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Trois kilomètres ! Les trois kilomètres les plus stressants d’une jeune carrière. Emil Herzog, Antonio Morgado. Un match germano-portugais pour aller chercher l’arc-en-ciel dans la grisaille australienne. Hyperactif toute la matinée, le second cité avait anticipé en prenant les devants avant la cloche. Le premier, lui, a joué sur ses classiques, en accélérant au sommet de la bosse, avant de plonger tambour battant dans la descente, laissant tous ses adversaires sur place. "On se connait bien, c’est un ami dans le peloton", explique Emil Herzog, sur sa relation avec son adversaire du jour. Mais l’amitié ne compte plus lorsque les panneaux des derniers mètres défilent. La tension était palpable, le sprint interminable. "C'était le sprint le plus dur de toute ma vie, j'ai vu qu'il a lancé à droite, on était côte à côte tout le temps, je ne voulais pas m'arrêter, je voulais qu'il coince avant moi, je n'ai jamais fait un sprint comme ça, c'est incroyable".

Antonio Morgado est le premier à lancer, plus véloce sur les premiers coups de pédale. Mais Emil Herzog le remonte, mètre après mètre, toujours côte à côte tout le long du sprint. Et dans les derniers mètres, c’est le Portugais qui cède le premier. L’Allemand, qui a pour rappel un père français, et dont une partie de la famille vit à Besançon, triomphe. "Je travaille tellement dur pour ça, j’ai eu pas mal de malchance l'année dernière, là tout s'est passé à la perfection, je n'arrive pas à y croire, tout a tellement bien fonctionné, je suis Champion du Monde !", se répète-t-il plusieurs fois, incapable d’y croire dans les premiers instants. "Je ne me rends pas compte, en Junior c'est la plus belle chose qu'on peut accomplir, je n'ai pas les mots, je vais avoir besoin de quelques jours. Je n’oublierai jamais".

UNE DESCENTE DÉCISIVE

Et même quand on collectionne les victoires, sur le Valromey, la Course de la Paix, au GP Ruebliland et tant d’autres pour arriver à douze, l’adrénaline met de longues minutes à redescendre. Devant les flashs des photographes, Emil Herzog ne sait pas où se mettre, faisant les cent pas de droite à gauche la tête levée vers le ciel. Il faut dire qu’il n'avait que ses assistants à ses côtés. "Les gars m'ont aidé en début de course, mais ils n'étaient pas trop au mieux je crois, je me suis vite débrouillé seul". Et c’est cette dernière ascension, suivie surtout d’une descente technique comme il les aime qui lui ont permis de renverser la table. "Dans la bosse, il y avait (Jorgen) Nordhagen encore derrière moi, mais sur les derniers mètres j'ai réussi à le décrocher. J'ai fait la descente à fond, je vais très vite dans ce domaine". Surtout sur une route humide. "J'aime la pluie. Tout devient plus technique et je sais que je suis bon là-dedans. C'était un bon moyen de faire des écarts en descente et dans les virages"

Il n’y avait plus qu’à faire le plus dur. Combler les 30 secondes de retard sur Antonio Morgado - auteur lui aussi d'une grande saison 2022, très régulière -, et le battre. "Je devais le reprendre. Quand je suis revenu je lui ai demandé si on la faisait au sprint, il m'a dit oui et on l'a jouée en un contre un. Il a lancé, j'ai foncé sans réfléchir. J'ai pensé que c'était une course normale, j'étais complètement mort sur les 50 derniers mètres". Son adversaire a forcément moins d'enthousiasme en conférence de presse. "C’était l’objectif de l’année d’être Champion du Monde. Je ne suis pas vraiment fort en sprint. J’ai essayé de finir seul. Avec Emil, nous avons juste parlé pour aller au bout ensemble dans le final. Mais il a essayé d’attaquer dans le dernier kilomètre. J’ai essayé de sprinter le premier, mais il était le plus fort". L’Allemand a effacé la déception du chrono. "Cette fois, j’ai tout mis, sourit-il. Je visais la médaille en chrono, mais cette course était l’objectif principal". Et Emil Herzog ne rate pas beaucoup d’objectifs. 

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