Eglantine Rayer : « Elles ont fait la course parfaite »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Églantine Rayer n’est pas du genre à avoir l’habitude des défaites. Souvent impériale sur les plus grands rendez-vous du calendrier, la Normande a pourtant cédé, sur ses terres, face à un gros collectif breton, ce vendredi, lors du Championnat de France Juniors Femmes sur route disputé dans la Manche, à Saint-Martin-de-Landelles (voir classement). Forcément déçue du scénario de la course et, surtout, d’avoir été dominée, la future sociétaire du Team DSM a tout de même préféré se montrer fair-play à l’arrivée, en insistant sur la grosse performance de Titia Ryo et de ses autres compères bretonnes. Entretien.

DirectVelo : Que s’est-il passé ?
Eglantine Rayer : J’ai encore fait un chrono individuel, ça fait beaucoup… On avait beaucoup moins d’unité que certaines autres équipes mais on a fait avec les moyens du bord. Chaque fille a donné ce qu’elle avait à donner. J’ai essayé de finir le travail mais les Bretonnes ont appris de leurs erreurs, ce qui est normal. Elles méritent absolument le maillot et leur podium. Elles méritent tout ce qu’il s’est passé. De toute façon, elles étaient collectivement les plus fortes. Maintenant, on pourra dire ce que l’on veut mais de toute façon, la course est finie. Il y a eu ce petit accrochage à quelques kilomètres de l’arrivée qui m’a fait perdre le contact avec le contre (un accrochage avec Alizée Rigaux, NDLR). À partir de ce moment-là, j’ai dû me débrouiller encore plus alors que je venais déjà de faire un chrono individuel de quinze bornes. J’ai donné tout ce que j’avais à donner. En vérité, je n’ai pas de regrets. Elles ont fait la course parfaite. Félicitations à elles. Titia (Ryo) le mérite.

Il n’y a pas eu de réclamation après cet incident ?
Non. Beaucoup m’ont demandé si je portais réclamation mais je ne vois pas ce que ça pourrait m’apporter de plus. Le président du jury est venu me voir juste après l’arrivée pour savoir si c’était intentionnel ou pas. J’ai répondu que ce n’était pas à moi d’en juger. Et non, je ne porte pas réclamation. Malgré tout, les Bretonnes restent mes copines et je vais les laisser profiter de leur podium. Je ne venais pas forcément pour faire 2 ou 3, dans tous les cas. Si j’avais pu aller chercher la 2e place, pourquoi pas… Mais même dans le sprint, j’ai lancé de trop loin. J’ai fait des erreurs, j’ai paniqué. Je ne sais même pas pourquoi j’ai lancé le sprint de si loin alors que ce n’était pas à moi de le faire. Mais au moins, je n’ai pas de regrets, malgré mes larmes à l’arrivée.

« C’EST DOMMAGE POUR ELLES »

Dans tous les cas, tu ne venais pas pour un accessit…
Ce qu’on voulait, c’était le maillot. On ne peut pas toujours gagner. Toutes les équipes venaient pour ça. Je crois que toutes les équipes avaient les mêmes consignes : laisser sortir n’importe qui sauf Eglantine (rires). Il était écrit que personne ne devait rouler hormis moi. Parfois, j’étais avec plusieurs filles du même comité mais c’était quand même à moi de rouler… C’est dommage pour elles, qui se sont également fait avoir.

On t’a souvent vu monter très fort dans les différentes difficultés du circuit, notamment à la Pigeonnière. L’idée était donc de t’isoler ?
C’est vrai que sur plusieurs tours, j’ai attaqué dans la première partie du circuit, dans la grande bosse puis j’en remettais une dans la Pigeonnière. C’est comme ça que j’ai pu faire le tri mais ça n’a pas été suffisant non plus pour me débarrasser de tout le monde. Au final, je me suis retrouvée seule face à trois Bretonnes et ce n’était vraiment pas évident. Il faut aussi apprendre à perdre. C’est comme ça que l’on progresse.

« ON APPREND DE SES ERREURS »

C’est une situation dont tu n’as pas l’habitude…
C’est ça mais d’ici demain (samedi), ce sera bon. Je vais partir en vacances donc je m’en remettrai vite (rires). On apprend de ses erreurs. Le fait de gérer une course en étant seule contre toute, ou face à de gros collectifs, ce sont des situations qui peuvent se reproduire. J’apprends pour plus tard. Et puis, de toute façon, ma saison est déjà réussie. J’ai d’ailleurs coché pas mal de cases que je n’avais pas imaginé cocher.

Le Team DSM a officialisé ta signature pour 2023. On imagine que tu avais de nombreuses sollicitations : comment as-tu fait ton choix ?    
C’est un choix réfléchi. J’ai eu le sentiment que c’était l’équipe qui me voulait le plus. C’est une équipe organisée, qui cherche vraiment le développement des jeunes. J’espère que ce sera une équipe qui me conviendra. Ils se sont adaptés à toutes mes exigences, notamment le fait que je souhaitais poursuivre mes études. C’est ce qui m’a vraiment plu aussi. Le fait que ce soit une équipe étrangère, c’est cool aussi, je serai peut-être bilingue dans deux ans (sourire). Encore une fois, je n’aurai pas de regrets et j’aurai connu cette expérience-là.    

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