Avec plus de 5000 mètres de dénivelé et quatre cols au programme, la 3e étape du Tour d'Italie Espoirs était attendue et la plus redoutée. "En fait, il y en avait cinq si on compte celui du départ fictif, les coureurs ont commencé par une montée de 17 kilomètres derrière la voiture. En somme, une petite heure à allure réduite, ils ont lâché le peloton à 1,5 kilomètre du sommet", précise le directeur sportif d'Hagens Berman-Axeon, Axel Merckx, au micro de DirectVelo. Après une bataille de plus de six heures (en comptant donc le long départ fictif), le maillot rose est encore plus solidement accroché sur les épaules de Leo Hayter. Après la joute de la veille, le Britannique a fait le doublé en affolant le chrono. L'Espoir 3 a relégué son plus proche poursuivant Romain Grégoire à 4'55" (voir classement). "Soyons honnêtes, on ne s'attendait pas à ça de sa part."

LE PLUS ENDURANT A GAGNÉ

Déjà très fort le deuxième jour, Leo Hayter a marqué de son empreinte ce Tour d'Italie Espoirs. Pourtant, Axel Merckx se voyait perdant quand Lenny Martinez a attaqué à sept kilomètres du sommet du Passo di Guspessa (11,3 km à 11%), soit à 60 bornes de l'arrivée. Le Passo di Guspessa était suivi d'une dizaine de kilomètres en faux plat montant amenant vers le Mortirolo où Lenny Martinez comptait 2'10" sur cinq coureurs, Lennert Van Eetvelt, Léo Hayter, Riccardo Ciuccarelli, Toon Clynhens et Romain Grégoire. Il creusait même l'écart dans la descente technique où Léo Hayter avait même du mal à suivre le rythme des poursuivants. "À ce moment-là, je pensais vraiment que c'était plié." Reculer pour mieux bondir. En définitive, il a remonté ses adversaires, un par un. "5000 mètres de dénivelé positif, six heures de selle, la pluie en début d'étape, la chaleur ensuite, c'était clair qu'il allait y avoir des défaillances et je pense que c'est ce qui a dû arriver à Lenny Martinez, qui n'est qu'Espoir 1. C'est le plus endurant qui a gagné." 

Le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège Espoirs 2021 a profité des 22 kilomètres de vallée et de la dernière montée vers Santa Catarina Valfurva (12,1 km à 4%) pour écraser la concurrence. "Quand il a démarré, Lennert Van Eetvelt et Romain Grégoire se sont regardés. À leur dépens, mais bon, ça n'aurait probablement rien changé. Quand tu gagnes avec une telle marge, il n'y a rien à dire", concède le directeur sportif de Lotto-Soudal DT Wesley Van Speybroeck. Au classement général, il a maintenant 5'48" sur Romain Grégoire (Continental Groupama-FDJ) et 5'56" sur Lennert Van Eetvelt (Lotto-Soudal DT). "De base, on venait pour gagner une étape, mais là, on va défendre ce maillot, coûte que coûte. On a une belle avance, mais ...", s'interrompt un Axel Merckx heureux.

LEO HAYTER ÉTAIT PREMIER REMPLAÇANT

La suite est connue, rien n'est joué jusqu'au dernier jour. Une défaillance peut arriver lors de la dernière étape de haute montagne, le sixième jour, 111 kilomètres avec un seul col en fin d'étape, une ascension hors catégorie de 18,3 km à 8,5% de moyenne, sans compter les chutes et les crevaisons. "Et la révolte de la concurrence", avertit-il. "Les Groupama-FDJ étaient les grands favoris et ils ne vont pas se laisser faire ainsi. Les rivaux vont vouloir nous mettre en difficulté. Les deux prochaines étapes sont assez plates, mais il y aura de la nervosité. Le Tour d'Italie n'est pas joué. Déjà, il faut voir la récupération après une journée aussi difficile. Demain (mardi), les jambes seront lourdes chez tout le monde. L'avant-dernier jour, il y a encore un col hors catégorie. Si Leo Hayter arrive au pied du col sans grabuge, je le vois mal perdre six minutes s'il reste dans cette forme." Du côté de la concurrence, les yeux sont déjà rivés sur d'autres objectifs, à savoir la victoire d'étape. "Leo Hayter était beaucoup trop fort. Lennert Van Eetvelt a eu du mal dans la dernière montée. Il a eu une fringale. Il a manqué plusieurs bidons et sur une course comme ici, ça se paie cash. Leo Hayter a un matelas d'avance. Maintenant, il ne nous reste plus qu'à l'attaquer de loin et surtout essayer de grappiller une étape", souhaite Wesley Van Speybroeck.

Leo Hayter est donc bien parti vers la victoire finale alors qu'il n'était pas dans la première liste. "Il était le premier coureur en réserve. Il a remplacé Toby Perry qui a du mal à revenir depuis sa chute au Triptyque des Monts et Châteaux. Leo Hayter a montré durant les courses de préparation qu'il était prêt. Il est en forme au bon moment." Si ça continue ainsi, la formation américaine Hagens Berman-Axeon vaincra le signe indien sur le Tour d'Italie Espoirs. "Habituellement, on perdait quelqu'un dès le premier jour. On a rarement été en veine sur cette course. La chance semble nous sourire cette année. Pourvu que ça dure". La campagne d'Italie continue.