CLM Élites : Vers « un beau match » à Cholet

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Jeudi 23 juin prochain, les 44,3 km du circuit de Cholet, dans le Maine-et-Loire, permettront de décerner le titre de Champion de France Élites du contre-la-montre 2022. Parmi les meilleurs rouleurs du pays et principaux candidats au tricot bleu-blanc-rouge, un bon nombre a pu se tester une dernière fois en condition de course la semaine dernière sur les routes du Critérium du Dauphiné (2.UWT), malgré l’absence de coureurs tels que Pierre Latour, victime d’une lourde chute sur la Mercan’Tour Classic, ou d’Alexys Brunel - liste non exhaustive -. Et le résultat de cet effort chronométré tracé entre Montbrison et la Bâtie d’Urfé (31.9 km) s’est révélé être particulièrement intéressant en vue de l’événement à venir.

Loin derrière le temps canon du vainqueur Filippo Ganna, les Français Bruno Armirail, Rémi Cavagna et Thibault Guernalec se sont tenus dans un mouchoir de poche. En quatre secondes, plus précisément (voir classement
). Le tenant du titre et double Champion de France du chrono, Benjamin Thomas, a pour sa part fini plus en retrait, à 29 secondes de Bruno Armirail. Dans ces conditions, la lutte s’annonce acharnée et passionnante dans désormais moins de deux semaines.

Tous les coureurs désireux de décrocher le titre national à Cholet ont bien sûr pris le temps de comparer leur propre temps à celui de leurs futurs adversaires français. Malgré un chrono relativement décevant, le Champion de France de la discipline en titre, Benjamin Thomas, ne veut pas s’inquiéter ou tirer de conclusions hâtives. “J’ai vu que j’ai fini à une trentaine de secondes de Bruno, Rémi et Thibault. Ce sont des concurrents directs pour le Championnat de France. David (Gaudu), qui se battait pour le général, a fait un temps similaire au mien. Je n’étais pas forcément dans une superbe journée sur ce chrono du Dauphiné. J’ai ressenti des difficultés à maintenir un rythme assez élevé. Mais il faut préciser que j’ai moins travaillé cet exercice cette année. Ça m'a fait un bon entraînement en vue du Championnat, finalement”, relativise le coureur de la Cofidis, le ton calme et l’air serein, comme très souvent. “Je me connais, je suis un homme de Championnat et j’arriverai peut-être plus à me dépasser le jour-J. Je ne suis donc pas inquiet là-dessus. Ça restait un chrono correct face à un niveau très élevé”.

UNE PREMIÈRE TENDANCE… MAIS RIEN DE PLUS

Rémi Cavagna est, lui aussi, capable de (bien) mieux. 3e du court contre-la-montre du Tour du Pays Basque (7 km) puis modeste 33e de celui du Tour de Romandie (15 km), le Champion de France sur route en titre disputait lors du Dauphiné son plus long chrono de la saison, jusqu’à présent. “Je suis déçu. Il me manque de la force et des watts pour l’instant. Je dois pouvoir mettre une ou deux dents de plus mais il faut continuer à travailler”. L’Auvergnat de la Quick Step-Alpha Vinyl sait que le temps presse s’il veut espérer décrocher un deuxième titre sur le chrono, après 2020. “Ce serait bien que ça revienne vite. Pour l’instant, je n’ai pas ce plus qui me permettait d’être dans les meilleurs l’année dernière mais il ne faut pas baisser les bras”.

Inversement, Thibault Guernalec semble lui sur une spirale positive. Bien qu’il n’a encore jamais décroché de podium chez les Élites sur le Championnat national, le spécialiste de la discipline a conscience qu’il peut viser les sommets cette année. À condition de mieux gérer son effort que sur le Dauphiné. “Je pense avoir réalisé un bon chrono malgré une petite erreur au départ. Je ne sais pas ce que j’ai fait… Je suis parti un peu trop tranquillement. Je ne m’en rendais pas compte. Il y a encore quelques réglages à faire avant le Championnat de France et un petit palier à franchir au niveau de la forme avant d’y être”. Le meilleur de tous, sur le chrono de la semaine passée, a donc été Bruno Armirail. Pour une seconde. “S’il y a une seconde le jour-J, ça me conviendra. Même une demi-seconde, ça me suffirait. En 2013, j’avais terminé 2e pour deux secondes au Championnat de France Espoirs (derrière Yoann Paillot, NDLR). Cette fois-ci, j’étais devant Rémi Cavagna pour une seconde. Si je peux avoir plus, tant mieux”, souriait-il auprès de DirectVelo au départ de la sixième étape, vendredi.

Les quatre coureurs précédemment cités rêvent tous de la même chose à Cholet : décrocher le titre national. “Le podium est déjà un bel objectif. Le titre est ambitieux mais il ne faut rien s’interdire”, confirme Thibault Guernalec. En bronze en 2020 puis en argent en 2021, Bruno Armirail ne peut avoir d’autre ambition que celle de l’emporter cette fois-ci. “Si la logique de cette série pouvait se poursuivre, ce serait bien. De toute façon, quand on est coureur de contre-la-montre, on y va pour rouler le plus vite possible. Au Dauphiné, je n’y allais pas pour faire 17e. Je visais un Top 5 ou au pire un Top 10 mais c’est comme ça. Au Championnat de France, j’irai pour le titre, c’est clairement l’objectif”.

ENCORE QUELQUES JOURS POUR SE RÉGLER… SANS TROP EN FAIRE

Auteur d’une très grande saison jusque-là pour ses débuts dans sa nouvelle équipe Cofidis, Benjamin Thomas se sent dans la peau du favori à sa propre succession. Pas question de se cacher mais il sait tout de même que la tâche ne sera pas facile. “Oui, je serai favori, mais je ne me mets pas du tout de pression. J’ai déjà eu pas mal de pression par le passé, sur d’autres événements, et je sais que ça ne sert à rien d’en rajouter. J’y vais sûr de moi et pour faire le mieux possible. Si je ne gagne pas, ce ne sera pas un drame en soi. Mais je donnerai tout pour défendre mon titre, ça c’est sûr”.

Le chrono du Dauphiné a conforté Thibault Guernalec dans l’idée qu’il peut espérer de très belles choses à la fin du mois. Mais il sait aussi que beaucoup de choses peuvent évoluer en deux semaines. “On est assez groupés pour l’instant. Je pense qu’il y aura un beau match. Le dernier chrono donne un premier indice mais on ne connaît pas encore l’état de préparation de chacun et qui va franchir un gros palier après le Dauphiné ou, à l’inverse, qui va stagner”, prévient le rouleur du Team Arkéa-Samsic. Un discours qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd lorsque l’on interroge Bruno Armirail sur cette remarque de son compatriote. “Je pense avoir encore une grosse marge de progression. On est sorti d’altitude récemment, je suis tombé malade deux jours avant le début du Dauphiné et j’ai failli ne pas venir ici. Vendredi, je n’ai pas mangé, j’étais en manque de force. Donc c’était compliqué. Je n’ai pas fait énormément de watts non plus. Il y a tout ça à régler”, avance le Bigourdan de la Groupama-FDJ, qui va rapidement repartir en stage en altitude au Pic du Midi, où il a ses habitudes, “afin d’être le plus performant possible dans les prochaines semaines”.

Tous espèrent désormais récupérer au mieux d’un Critérium du Dauphiné exigeant. Et pas question d’en faire de trop à quelques jours du grand rendez-vous. “Il y aura des séances de travail encore en plus mais il faudra surtout penser à récupérer plutôt que de vouloir à tout prix rajouter des charges de travail. Le Dauphiné est une course importante, exigeante, et il y aura le Tour de France derrière. J’ai plus la tête à ces échéances-là”, tempère Benjamin Thomas. Peut-être aussi cette fameuse volonté de ne pas se mettre trop de pression. Une chose est sûre : ils seront nombreux à être ambitieux à Cholet et la bataille promet d’être rude et belle.



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Portrait de Bruno ARMIRAIL
Portrait de Rémi CAVAGNA
Portrait de Thibault GUERNALEC
Portrait de Benjamin THOMAS