Quentin Jauregui : « Des années que je n’avais pas levé les bras »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Sept ans plus tard, Quentin Jauregui peut de nouveau goûter à la victoire. Depuis son succès au Grand Prix de la Somme 2015, le coureur de B&B Hôtels-KTM avait des difficultés à lever les bras à nouveau. C’est chose faite, ce jeudi, sur les routes de l’Alpes Isère Tour (voir classement). Même s’il s’agit d’une course de Classe 2, le coureur de 28 ans ne crache absolument pas sur cette victoire. Surtout quand on a connu comme lui des mois et des mois d’arrêt à cause d’une blessure. Quentin Jauregui est revenu avec DirectVelo sur sa victoire, bien aidé par Pierre Rolland, ses années de galère et sa confiance retrouvée.

DirectVelo : Tu dois être soulagé de retrouver le chemin de la victoire !
Quentin Jauregui : Ça fait des années que je n'avais pas levé les bras. Ma dernière victoire, ça remonte au Grand Prix de la Somme en je ne sais plus quelle année (en 2015, NDLR), et celle d’avant c’était déjà au Rhône-Alpes Isère (en 2014, NDLR). Voilà, c’est ma troisième victoire chez les professionnels, parce que même si c’est une Classe 2, ça équivaut à une course pro selon moi. Je suis très content, surtout après mon année de l’enfer l’année dernière, où j’étais vraiment dans le fond du seau.

Tu sentais que tu retrouvais des couleurs cette année ?
J’ai vu qu’au début d’année j'avais encore un peu de mal, et en fait depuis deux-trois semaines j’avais dit à ma femme que ça allait vraiment de mieux en mieux. Je ne voulais pas trop venir ici à la base, mais j’ai vu avec Sam (Dumoulin, son directeur sportif, NDLR), il m’a dit « fais moi confiance, viens ». Je m’étais dit, l’étape d’hier est la plus facile, ça devrait se jouer au sprint, je vais essayer de jouer celle-ci. Mais j’ai crevé à 10 bornes, c’est que ça ne devait pas être le bon jour, et aujourd'hui je me suis fait parfaitement aiguiller par Pierre Rolland.

« JE L’AI JOUÉ UN PEU PLUS À L’EXPÉRIENCE »

Comment as-tu manœuvré pour prendre ce coup à trois ?
Pierre a roulé avec Sebastian Schönberger pour revenir sur Romain Grégoire. Direct dans la foulée, le coureur de Jumbo a attaqué (Lars Boven, NDLR), il était très fort et il y a eu un moment de temporisation. Et c’est là que Pierre m’a dit « vas-y, vas-y, vas-y, c’est maintenant ! ». Je n’y croyais pas trop sur le coup, il restait 15 bornes ou un peu plus. Du coup, j’y suis allé avec le troisième coureur (Jakub Otruba, NDLR). Je l’ai joué un peu plus à l’expérience, ils en mettaient à bloc, et moi j’ai sauté deux-trois relais, puis ça l'a fait, je suis vraiment content.

Comment s’est passé le final à trois ?
On s’est beaucoup regardé dans le dernier kilomètre, on avait 20 secondes. Et en fait il y avait un bon vent de gauche, je voulais me mettre en dernière position, j’étais repassé deuxième. Je savais qu’avec ma giclette ça allait le faire mais j’ai lancé d’un peu loin. Après, l’important est de gagner et j’ai vu que ça allait le faire dans les 50 derniers mètres, j’en ai profité pour lever les bras.

« APRÈS UNE TELLE DURÉE D'ARRÊT, C'EST TRÈS DUR DE REVENIR »

À quoi penses-tu au moment de passer la ligne après ces années de disette ?
Ça, je ne sais pas si je peux vraiment le dire, mais j’ai surtout pensé qu’il y a pas mal de personnes qui ne croyaient pas en moi, ou qui ne croyaient plus en moi et qui m’ont rabaissé, donc je suis content de gagner aujourd’hui. Pour moi il n’y a pas de petites courses (lire ici), il y a un très gros niveau ici, et quand on voit à combien on arrive, ça veut dire que l’arrivée était très dure. Il suffit de regarder mes watts à l’arrivée pour comprendre la difficulté de la course et le niveau des coureurs. Maintenant, j'espère continuer sur ma progression, il y a de belles choses à faire d’ici la fin de l’année.

Quelles sont précisément ces galères qui t’ont fait vivre une année en enfer ?
Je n’ai jamais été blessé de ma vie, et l’année dernière j’ai eu un gros problème au genou en décembre et je n’ai repris les courses qu’en août, j’ai fait presque trois mois sans vélo. D’août à novembre de l’année d’avant, ça m’a fait onze mois sans compétition, on sait qu’au niveau professionnel après une telle durée d’arrêt c’est très dur de revenir. Et encore en début d’année j’avais un peu de mal, je faisais des courses qui ne me convenaient pas forcément, c’était un peu difficile. Sur Paris-Roubaix, Tour des Flandres, Gand-Wevelgem j’ai pris du plaisir, et là l’important c’est que ça aille bien. Maintenant, on va faire le maximum pour défendre le maillot jusqu’à dimanche.

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