L'équipe de France au bout de la folie

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

La soirée va être longue au pays de la bière. Benoît Cosnefroy a une bonne excuse pour enchaîner les verres ce dimanche soir. “On va aller boire des coups… J’allais en boire dans tous les cas mais là c’est justifié”, plaisante le Normand auprès de DirectVelo. Un an après un premier titre de Champion du Monde à Imola (Italie), Julian Alaphilippe a remis ça après une nouvelle course pleine des tricolores (voir classement). L'habituel coureur de la Deceuninck-Quick Step a gagné avec la manière et ses coéquipiers n’y sont pas pour rien.

Entre Anvers et Louvain, les Bleus devaient faire la course de très loin. Mais ils l’assurent, ce n’était pas un plan anti-van Aert. “On devait faire notre propre course, explique Anthony Turgis au micro de DirectVelo. On savait très bien qu’il y avait beaucoup de plans anti-van Aert dans les autres nations. Quand dix équipes marquent un coureur, ça ne change pas grand-chose qu’il y ait une nation en moins qui le fasse”. Chaque Français connaissait parfaitement son rôle. “Thomas (Voeckler) fédère, estime Benoît Cosnefroy. Il nous parle de notre rôle dès qu’il nous sélectionne. Il n’y a pas d’arrière-pensée. Thomas nous a dit d’être intelligents et collectifs. On devait prendre les décisions qu’il fallait au bon moment”. Florian Sénéchal avait lui bien du mal à croire le plan mis en place par le coach. “Sur le coup, je me suis dit « il est fou, ça ne va jamais marcher, on va tous s’écraser »", reconnaît le Nordiste. 

« JULIAN A SU IMPOSER SON STYLE »

Ils ont mis le nez à la fenêtre 185 bornes avant l’arrivée. Après une première accélération de Benoît Cosnefroy, c’est Anthony Turgis qui a bougé. “Je devais durcir et créer de la panique pour les autres équipes”. Puis Benoît Cosnefroy en a remis une bonne et il est sorti en compagnie notamment de Remco Evenepoel. Derrière, un contre est revenu avec Arnaud Démare. “Ça a permis de faire bosser les Italiens, apprécie le Picard. L’objectif était de durcir la course pour Julian et Florian”. Après un gros boulot, les Italiens ont permis au peloton de rentrer mais ils n’ont pas ramené les Bleus à la raison. Derrière, ils ont encore été très offensifs, notamment par l’intermédiaire de Valentin Madouas. Présent dans une échappée, le Breton a vu revenir quelques cadors. Ils sont alors 17 à filer vers la victoire. Avec le retour de Julian Alaphilippe et Florian Sénéchal, les Bleus sont dans une situation idéale alors que Remco Evenepoel fait la majorité du travail. “Moi, je n’avais pas levé le cul de toute la journée. Les mecs avaient fait un super boulot”, lâche Florian Sénéchal.

À 17 bornes de l’arrivée, Julian Alaphilippe a mis son attaque décisive. “À ce moment-là, tout le monde était à bloc et Julian a su imposer son style, en force. Il en a remis une quand tout le monde avait besoin de souffler. Van der Poel et van Aert ne pouvaient rien faire”, rapporte Florian Sénéchal, qui derrière a fait au mieux pour empêcher les adversaires de revenir sur son leader. Pendant ce temps-là, la tension est forte dans le bus où les tricolores se trouvent petit à petit après avoir mis la flèche avec le sentiment du devenir accompli. “Quand tu es dans le bus en train de regarder la télé, et que tu vois que tu n’as pas fait ce boulot pour rien… Quand il attaque de loin, il nous met la pression petit à petit, reconnaît Anthony Turgis. Au début, il n’y avait que 5-8 secondes. Quand il a commencé à reprendre du champ, on y croyait de plus en plus. Il y avait les dernières ascensions à passer et on savait ensuite que c’était bon”. Au bout, il y a un nouveau sacre pour Julian Alaphilippe alors que Wout van Aert et Sonny Colbrelli avaient au départ les faveurs des pronostics. 

« COMME UN GRAND DANS LE FINAL »

Le plan de Thomas Voeckler a donc parfaitement fonctionné. “Je n’arrive pas à comprendre comment la tactique de Thomas a marché”, sourit Florian Sénéchal. Mais il a bien une petite idée. “Peut-être car chacun a donné son maximum. C’était super !”. Ce dimanche, chacun a mis ses ambitions personnelles de côté. “Ça se passait vraiment bien entre nous les jours qui ont précédé, rapporte Arnaud Démare. Ça s'est vraiment vu sur le terrain où on était très collectif, toujours à l’offensive. On s’est tous super bien entendus alors qu’on est adversaires toute l’année. Ce n’est pas évident de switcher d’une journée à l’autre. On était adversaires le mardi à Denain, et on se retrouve le jeudi équipiers. On est une bande de comiques, ça joue aussi sur la bonne ambiance”. Pour l’ancien Champion de France, Thomas Voeckler n’y est pas pour rien. “Il a su vraiment créer un groupe. On avait vraiment des rôles établis. Ça nous a permis d’être solides collectivement”. 

Au-delà de l’ambiance et du rôle de chacun, la France repart avec un nouveau maillot arc-en-ciel car Julian Alaphilippe a su répondre présent dans le money-time. “Il a joué comme un grand dans le final. Il n’a pas eu besoin de nous”, sourit Benoît Cosnefroy. “On a une pépite dans l’équipe. Julian est capable de tout”, dit Arnaud Démare. “Chapeau à Julian, chapeau à toute l’équipe de France”, conclut Florian Sénéchal qui côtoiera régulièrement pour une année encore le Champion du Monde.

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