Contre-la-montre : La Belgique « récolte les fruits »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Les Belges ont obtenu quatre médailles sur les chronos individuels masculins, avec au moins une dans chaque catégorie, Juniors (Alec Segaert 3e), Espoirs (Florian Vermeersch 3e) et Elites (Wout van Aert 2e et Remco Evenepoel 3e). De 1994 à 2017, la Belgique a à peine récolté trois breloques toutes catégories, mais depuis 2018, elle en est à neuf médailles. "Ça a pris du temps, mais nous récoltons maintenant les fruits de cette approche. Nous avons maintenant introduit une culture du contre-la-montre'', explique le directeur technique de Belgian Cycling Frederik Broché à DirectVelo. En évoquant l'aspect culturel, il pense au Danemark qui a remporté le titre masculin en Juniors et en Espoirs (lire ici). ''Très jeunes, les Danois s'entraînent plus fort que chez nous. Cependant, je pense qu'on offre un aussi bon suivi ici".

VICTOR CAMPENAERTS, LE MODÈLE À SUIVRE

Si la Belgique a pu passer à la vitesse supérieure, c'est "grâce aux prestations de Victor Campenaerts, qui est le modèle à suivre''. Il a remporté une médaille au Championnat du Monde à Innsbruck en 2018 et est devenu recordman de l'heure en 2019. Des compliments qui font plaisir au coureur de Qhubeka-Next Hash. ''Ça fait du bien à mon ego. Mon histoire a peut-être joué pour certains athlètes. Ça leur a montré que c'était possible. J'ai compris que ce serait compliqué de faire de gros résultats sur les courses en ligne. Cependant, grâce aux gains marginaux, je savais que je pouvais réaliser de belles choses au contre-la-montre. Les spécialistes du chrono sont rarement les plus forts en ligne, mais ils sont sur le podium dans la plupart des courses chronométrées. Le contre-la-montre a totalement changé ma carrière. Je suis très heureux d'avoir fait ce choix".

Comment ce revirement s'est-il produit ? "Nous avons commencé avec la fédération il y a 15 ans avec quelques initiatives. Maintenant, des tests contre-la-montre sont organisés (normalement, trois par an mais avec la pandémie, beaucoup ont été annulés les deux dernières saisons, NDLR). Il y a une approche scientifique et les coureurs sont plus suivis entre les courses. De plus, on travaille maintenant davantage pour les Championnats". Au niveau de l'aspect scientifique, Belgian Cycling peut encore aller plus loin, estime Frederik Broché. ''Les pros sont dans leur structure. Ils sont bien suivis. Mais chez les jeunes, on doit continuer à faire des tests aérodynamiques ou à initier à la bonne alimentation avec les moyens de notre fédération".

RENDEZ-VOUS DANS DIX ANS AVEC LES FILLES

Si les hommes ont obtenu quatre bouts de métal durant ce Mondial, les filles ne sont pas encore à pareille fête. Toutefois, il y a des enseignements positifs à tirer. L'absence de Lotte Kopecky en Elites s'est fait ressentir mais Julie Van de Velde (22e) et Sara Van de Vel (30e) ont fait une prestation correcte. "Nous avons sélectionné deux filles qui sont arrivées récemment au cyclisme. Elles étaient donc inexpérimentées. Avec ce bagage, Julie Van de Velde et Sara Van de Vel ont obtenu un résultat réaliste et correct. Entre la 10 et la 25e place, tout le monde se tient. Avec un contre-la-montre un peu plus rapide, Julie Van de Velde aurait gagné de nombreuses places. On peut donc considérer qu’elle fait partie du subtop mondial", positive le sélectionneur des Dames, Ludwig Willems. En Juniors, le Top 10 de Febe Jooris, Junior 1, est prometteur. "Elle est jeune, mais elle est déjà bien concentrée sur le contre-la-montre. Elle aime bien cette discipline et s'en est fait une spécialité. C'est la confirmation qu'elle se débrouille bien. Elle n'a que 16 ans et beaucoup d'avenir", continue-t-il.

Globalement, les filles sont sur la bonne voie. "Il faut mettre en perspective le chemin parcouru. Il y a 10 ou 15 ans, le cyclisme féminin belge était très loin du niveau actuel. Le niveau global augmente. La base s'élargit. Il y a actuellement une émulation qui pousse tout le monde vers le haut.'' Le directeur technique Frederik Broché est du même avis. "Le groupe est plus petit. Cependant, les choses sont en marche. Les fédérations locales ont pris de nombreuses initiatives pour attirer plus de filles vers le sport, afin que le vivier soit également agrandi. D'ici 10 ans, nous devrions pouvoir en récolter les fruits. C'est un objectif réaliste, mais il faut encore densifier la base de la pyramide. Chez les Aspirantes et les Cadettes, les pelotons doivent grossir. Ensuite, il sera plus simple de trouver des spécialistes pour chacune des disciplines, en Wallonie comme en Flandre. Ce Mondial en Belgique, c'est de la promotion pure. Beaucoup de filles roulent à vélo, mais peu en compétition.''

Les Hommes ne sont pas loin du Top Mondial, les Femmes se rapprochent de la marche juste en-dessous. Reste maintenant à franchir la prochaine étape. "On est toujours dépendant du talent des coureurs des générations à venir. Puis, il faut les garder motivés pour cette discipline. Ça commence dès les Cadets. Un vélo de chrono coûte cher pour les jeunes. On peut parfois adapter le cintre pour travailler une position aérodynamique. Ce serait déjà un bon début", termine Carlo Bomans.

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