Coup de vent pour les grimpeurs

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Sale temps pour les grimpeurs. “Le Grand Colombier paraît loin. On pourra souffler la veille”, souriait Valentin Paret-Peintre, samedi, avant la première étape du Tour de l’Avenir. La quatrième journée de course était redoutée par les meilleurs escaladeurs du peloton, avec un fort vent de côté attendu sur la seconde partie de l’étape. Les spécialistes des bordures n'ont pas été déçus ce lundi entre Château-Thierry (Aisne) et Donnemarie-Dontilly (Seine-et-Marne). La pluie, qui n’était pas forcément prévue, s’est même invitée à la fête. “Le début de course a du coup été dangereux, rapporte Lewis Askey à DirectVelo. Chaque équipe voulait être à l'avant. Tout le monde savait que ça allait être venteux aujourd'hui (lundi). Mais le vent n'était pas aussi fort que ce que nous attendions”. Avec les Pays-Bas, les Britanniques ont tenté très tôt de casser le peloton. Sans réussite dans un premier temps. “Ça tournait un peu trop, avec des routes sinueuses, donc j'ai senti que ça n'allait pas bordurer tout de suite, confie Antoine Raugel. Je me suis même arrêté dégonfler un petit peu parce que c'était dangereux, les routes étaient glissantes”. La route s’est en effet transformée en patinoire, et l’étape est alors passée dans une autre dimension.

Tout le monde attendait des bordures à partir du kilomètre 50, moment où la course prenait la direction du sud. “Les bordures étaient redoutées et elles ont été redoutables”, résume Pierre-Yves Chatelon, le coach des Français. Antoine Raugel, membre de l’équipe mixte Grand Est-Hauts-de-France, ne s’est pas fait piéger alors que le peloton a mis un peu de temps à casser. “J'ai regardé sur mon Garmin à quel endroit était située la belle ligne droite. Quand il y a des bordures, il y a toujours un moment où il faut faire un effort pour être à l'avant. Je l'ai fait pile au bon moment”. À un peu moins d’une cinquantaine de bornes de l’arrivée, ils sont 17 concurrents dans le premier groupe de la course, alors que le peloton a rapidement explosé en six morceaux. “Je me suis mis à tourner avec l'équipe des Pays-Bas, fait savoir Antoine Raugel. C'est vraiment sorti en costauds. Après, on roulait à 65/67 km/h. Ça allait vraiment vite”. La tête dans le guidon, Lewis Askey n’a pas compris de suite que l’étape était en train de basculer. “J’étais très concentré, sourit-il. Puis, j'ai regardé autour de moi et je n'ai vu personne derrière !”.

PAS DRAMATIQUE POUR LE GÉNÉRAL

Débute alors un mano a mano entre les hommes de tête et le premier groupe de poursuivants, composé de seize puis d’une quarantaine de coureurs. “Il fallait trouver le bon équilibre : garder des jambes pour le sprint et ne pas mollir car le peloton n'était pas très loin à un moment”, indique Lewis Askey. “C'était compliqué pour moi parce que j'étais tout seul dans ce groupe, dit Antoine Raugel. C'est parfois un avantage, parce qu'on peut ne pas trop en faire, mais sur la fin, ça ne pardonne pas”. Il prend tout de même place dans le Top 5 de l'étape, remportée par le Néerlandais Marijn van den Berg (voir classement). “C'est satisfaisant, mais en étant mieux placé, avec les jambes du jour, j'aurais bien aimé aller chercher mieux. Marijn était très fort”. Autre habituel coureur de la Conti Groupama-FDJ, Lewis Askey valide les propos du coureur du Grand Est. “Marijn a démarré le sprint en étant devant et il a gardé les autres gars derrière  lui”.

Cette étape restera un grand moment de ce Tour de l’Avenir 2021. Deux candidats à la victoire finale ont quitté la course après une chute, le Belge Henri Vandenabeele (lire ici) et le Colombien Santiago Umba. Son coéquipier Camilo Ardila termine à 2’53’’ des premiers arrivants, soit à près de deux minutes des coureurs du premier peloton des battus. A l’arrivée, ils étaient nombreux à se dire que le bilan aurait pu être bien plus lourd. Dans le groupe de tête, seul le Norvégien Tobias Halland Johannessen, 2e du Giro Espoirs, a des références en haute montagne. “Il n'y a rien de perdu. Nos gars pour le général arrivent avec Ayuso et Zana. Ce n'est pas dramatique pour le général”, résume Pierre-Yves Chatelon. Selon lui, la cinquième étape prévue ce mardi entre Provins (Seine-et-Marne) et Bar-le-Duc (Meuse) pourrait encore faire des dégâts. “S’il y a le même vent, ce sera favorable tout le long car on part d'Ouest en Est. Il y a 180 bornes, ça peut encore être pénible. C'est plus long et il y a la fatigue des jours précédents. Il faudra tout de suite se remobiliser”. Pour conclure, l’Italien Filippo Zana résume la pensée des grimpeurs de cette 57e édition. “Vivement la montagne”.

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