Romain Combaud, la Provence avant le changement

Crédit photo William Cannarella / DirectVelo

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La grande aventure commence ce jeudi pour Romain Combaud. Après six saisons chez les pros, dont les cinq dernières chez Delko, le coureur originaire du Cher - mais qui vit désormais à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) - s’est lancé un nouveau grand défi en rejoignant son partenaire d’entraînement, Romain Bardet, au Team DSM, l’ex formation Sunweb. Le coureur de 29 ans intègre ainsi pour la première fois une WorldTeam, et une structure étrangère. S’il s’apprête à retrouver la compétition sur les routes du Tour de la Provence (2.Pro) qu’il connaît déjà très bien, Romain Combaud devrait ensuite découvrir de nombreuses nouvelles courses qu’il n’a encore jamais eu l’occasion de disputer par le passé. Et ce n’est certainement pas pour lui déplaire, lui qui rêvait de changement. Entretien.

DirectVelo : Te voilà prêt à reprendre la compétition en Provence, sur des terres que tu connais très bien, mais sous tes nouvelles couleurs du Team DSM !
Romain Combaud : J’ai hâte de débuter. C’est le début d’un nouveau grand challenge pour moi et j’en suis ravi. Ce début de saison est évidemment particulier avec ces différentes annulations ou reports, mais mon retour à la compétition était prévu pour le Tour de la Provence, donc les derniers événements n’ont pas chamboulé mon calendrier personnel. Au moins dans un premier temps car pour le reste, on est dans le flou. On n’a pas notre programme de course sur l’année ou ne serait-ce que sur les deux mois à venir. C’est spécial car certaines courses sont annulées et d’autres sont maintenues, mais il faut s’adapter. Je ne peux pas me projeter sur le long terme alors pour l’instant, je me concentre sur cette reprise sur le Tour de la Provence.

« LE MOMENT DE CHANGER »

Pour ta septième saison chez les pros, c’est la première fois que tu ne débutes pas ta saison sur le Grand Prix La Marseillaise, une course dont tu as pris la 2e place en 2019...
C’est vrai, j’y avais mes habitudes. Mais dans le fond, ça ne change pas grand-chose. Si la saison se passe bien, j’aurai assez de courses pour m’exprimer, je ne me fais pas trop de soucis là-dessus. Mais c’est particulier de voir les copains courir en restant à la maison sur les premiers week-end de course, surtout quand on a l’habitude de reprendre très tôt.

Depuis 2015, tu as régulièrement eu un calendrier avec de grands axes similaires et des courses que tu as disputées tous les ans comme le “GPLM”, donc, mais aussi Paris-Nice, la Route d’Occitanie ou encore le Tour du Limousin…
Justement, tout ça va changer cette année et c’était aussi le but. L’an dernier, pour ma cinquième saison chez Delko, j’avais déjà évoqué, avec le staff, cette volonté de voir d’autres choses. Malheureusement, la crise sanitaire et le calendrier chamboulé ont fait que je suis resté sur du classique, si je puis dire. Cette année, j’ai vraiment envie de découvrir d’autres choses. Le calendrier français, je le connais bien maintenant, voire par coeur (rires). Je vise de nouveaux challenges sur d’autres grandes courses. J’ai vraiment hâte que ça démarre.

Tu as eu cette opportunité avec le Team DSM mais avais-tu, dans tous les cas, le sentiment d’avoir fait le tour de la question chez Delko ?
Je pense que c’était vraiment le moment de changer. J’étais chez Delko depuis cinq belles années. Ils avaient un beau calendrier, j’ai fait plusieurs Paris-Nice.. J’ai fait Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne… Mais le DS Gorka (Gerrikagoitia) me disait toujours lui même qu’il me manquait quelque chose, une participation à un Grand Tour, et qu’il fallait que j’essaie d’aller voir autre chose pour ne pas avoir de regrets d’ici la fin de ma carrière. Même lui me poussait à aller voir ailleurs. Il était temps de le faire. Je vais avoir 30 ans. Les jeunes talents arrivent à 20-21 ans, voire avant. Donc il fallait saisir cette opportunité.

« J’AVAIS TROUVÉ LE JUSTE MILIEU CHEZ DELKO »

T’imaginais-tu avoir une telle opportunité, dans une WorldTeam étrangère ?
Pour être franc, j’espérais découvrir une autre équipe de haut niveau même si j’ai toujours été bien à Marseille et que j’ai toujours été reconnaissant envers l’équipe. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à eux. Ils m’ont fait confiance et m’ont permis de m’exprimer sur de belles courses. J’ai bien fait de réaliser un bon début de saison l’an dernier, ça m’a beaucoup servi. J’ai fait une fin de saison correcte aussi mais mon contrat chez DSM était déjà signé depuis le mois de juillet. Ils recherchaient un profil comme le mien, au milieu de beaucoup de jeunes. À la fin de la saison 2021, il n’y aura que quatre trentenaires dans l’équipe et j’en ferai partie (avec Romain Bardet, Nicolas Roche et Chad Haga, NDLR). L’arrivée de Romain (Bardet) a joué un petit peu mais je me suis aussi construit seul et avec l’équipe Delko en faisant des résultats. J’ai pu signer mais maintenant, c’est à moi de faire mes preuves et d’apporter quelque chose au collectif. Le boulot commence maintenant.

Chez Delko, tu étais devenu l’un des capitaines de route de l’équipe...
On attendait de moi des résultats, c’est sûr, mais c’est vrai qu’on souhaitait aussi que je serve de lien entre le directeur sportif et les coureurs. Je me retrouvais bien dans ce rôle-là. Les DS me faisaient tous confiance, Gorka (Gerrikagoitia), José Azevedo ou Benjamin Giraud. J’étais assez franc et il y avait un bon relais entre la voiture et le peloton via mon rôle. J’étais toujours honnête. Quand je n’étais pas bien, je n’hésitais pas à le dire et à me mettre au service des autres. Inversement, sur les courses qui me tiennent à cœur comme le Tour du Limousin, je n’hésitais pas non plus à demander qu’on roule pour moi si les jambes répondaient bien. J’avais trouvé le juste milieu chez Delko et franchement, je m’y plaisais bien, même si l’année 2020 a été compliquée avec la passation de pouvoir entre Frédéric Rostaing et Philippe Lannes.

Comment as-tu vécu cette période tourmentée au sein de l’équipe ?
Pour moi, ça n’a rien changé. J’ai continué à faire mon travail et ce qu’il s’est passé entre l’ancien et le nouveau manager les regardaient eux. Il fallait passer outre tout ça en tant que coureur, même si j’avais de bonnes relations avec les deux. Et puis, j’avais déjà signé chez DSM depuis le mois de juillet. J’ai vécu cette fin de saison sans danger puisque j’avais assuré mes arrières mais je sais que ça a été plus compliqué pour d’autres coureurs, plus jeunes, ou en fin de contrat.

« ENCORE BEAUCOUP DE CHOSES À APPRENDRE »


Tu aurais peut-être pu finir dans une autre WorldTeam étrangère, chez EF Education-Nippo, en suivant le chemin de plusieurs de tes ex-coéquipiers de Delko…
(Rires). Pour être franc, à ce moment-là, je ne savais pas que Fred (Frédéric Rostaing) était dans le projet d’EF. Je ne me suis pas trop occupé de tout ça, même si on a gardé de bons contacts. Il a fait son bout de chemin avec EF et j’ai fait le mien avec DSM. Il a su assez tôt que j’allais partir chez “Sunweb” et il était content pour moi. Quant à Fred, j’espère qu’il réussira avec EF, et c’est bien parti pour.

Tu parles souvent de toi comme d’un “jeune” coureur mais tu fais partie des plus anciens de la Team DSM…
Je me considère comme jeune, dans la tête, en fait. Jeune, c’est dans le sens où j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. J’ai couru en Conti Pro, certes, et j’ai fait de belles courses, mais il me manque encore de grosses expériences en WorldTour. S’il me reste encore trois, quatre ou cinq ans de carrière à faire, je veux en profiter et arrêter sans avoir de regrets, avec mes valeurs et une éthique que j’ai toujours respectée, en faisant ce que j’avais à faire. Avec cette équipe, je sais que je n’aurai sûrement pas de regrets car ils font tout pour que leurs coureurs soient dans de bonnes conditions. On verra si ça réussit, maintenant.

Après avoir passé cinq ans dans l’équipe de l’Armée de Terre puis autant chez Delko, il ne reste plus qu’à te souhaiter de faire cinq nouvelles saisons au Team DSM !
Exactement ! Bon, pour l’instant, je suis parti pour deux ans et on en reparlera en temps voulu pour les trois années manquantes (rires). 

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