Tour de France : Sur les traces de... Anthony Perez

Crédit photo Régis Garnier - www.velofotopro.com

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C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs. Aujourd’hui, Michel Puntous nous parle d’Anthony Perez (Cofidis), qu’il a côtoyé dès les Minimes-Cadets et dont il a longtemps été l’entraîneur.

« Anthony est un garçon charmant, il l’a toujours été. Au début, c’était un jeune homme timide, assez réservé. Enfin, il était très à l’aise avec les gens qu’il connaissait bien mais sinon, il était toujours sur la retenue lorsqu’il ne savait pas trop à qui il avait affaire. Il a toujours eu tendance à passer pour quelqu’un de froid et d’insensible, mais en fait, c’était dû à sa timidité. Lorsque l’on apprend à le connaître, on se rend compte qu’il n’est pas si réservé que ça. Cela dit, il a quand même fallu qu’il apprenne à maîtriser son caractère impulsif. On savait qu’il pouvait aller loin, mais il devait apprendre à bien gérer ses émotions et à faire les choses correctement, tout simplement. Il avait le profil idéal pour faire un bon professionnel : physiquement, il a toujours été assez grand et longiligne. Il tient ça de sa mère, très grande elle aussi. Mais il devait travailler. Il est arrivé à maturité en Cadets 2.

« CE JOUR-LÀ, IL AVAIT ÉTÉ PHÉNOMÉNAL »

Je sais que beaucoup de gens ne croyaient pas forcément en lui, à cause de son caractère. De par sa façon de se comporter, il pouvait parfois être ingérable et du coup, on pouvait considérer qu’il n’arriverait pas à se faire une place dans le milieu. Il faut dire que parfois, il faisait ce qu’il voulait ! S’il n’avait pas envie de se livrer, il ne le faisait pas… Il ne rentrait pas toujours dans le moule. Mais je sais qu’avec moi, il a toujours été à l’écoute, et très gentil. On ne s’est jamais pris la tête à cause de son caractère ou d’un manque d’investissement. De toute façon, quand il faisait des bêtises, je “toussais” un peu et ça marchait. Je n’étais pas rancunier, on travaillait dans le respect mutuel.

Dans les catégories de jeunes, je me souviens qu’il avait du mal à s’entraîner. Il a fallu le pousser à travailler, mais j’ai vite senti de grosses qualités et un véritable potentiel chez lui. Je l’ai rencontré alors qu’il n’était que Minimes. Je l’ai vu pour la première fois sur une course à côté de chez lui, à Saint-Alban. Il avait gagné en terminant tout seul. Le jour où il m’a le plus marqué, c’était lors d’une manche du Challenge National Juniors, à Jugon-les-Lacs. Il courait avec le comité des Midi-Pyrénées. J’avais vu Pierre-Yves Chatelon le matin de la course. Il était encore sélectionneur des Juniors. Il était venu me dire qu’il ne prendrait pas Anthony au Mondial car il n’avait pas les qualités physiques nécessaires. L’après-midi, Anthony s’est fait piéger dans le peloton, alors qu’un groupe d’une vingtaine d’échappés était sorti. Sur le petit circuit, il est parti en contre et il a bouché deux minutes, presque tout seul. Au final, il avait fait une place après être rentré dans le dernier tour. Je n’avais jamais vu un coureur boucher un tel écart sur ce circuit. Il avait sûrement été vexé et ce jour-là, il avait été phénoménal. Le soir, Pierre-Yves est revenu me voir pour me dire qu’Anthony allait au Mondial…

« CHEZ LES JUNIORS, IL A BATTU ARNAUD DÉMARE DANS UN MANO A MANO »

Pendant longtemps, il a fallu qu’il apprenne à frotter. C’était son gros défaut : il avait beaucoup de mal à remonter un peloton, chez les Cadets. C’était l’axe de travail principal avec lui. Il fallait le canaliser car il était un peu trop généreux dans l’effort. Il ne comprenait pas qu’il fallait savoir rester dans les roues et attendre le bon moment pour sortir. Les premières années, il en faisait beaucoup trop et il se faisait souvent avoir. C’était dommage car il a vite eu une bonne pointe de vitesse. D’ailleurs, je pense qu’il peut encore progresser au sprint. Il ne faut pas oublier que chez les Juniors, il a battu Arnaud Démare dans un mano a mano. Anthony reste avant tout un puncheur, quand même. Il n’est pas fait pour les vrais sprints ni pour les cols. C’est un coureur pour Liège-Bastogne-Liège.

Je ne suis pas vraiment surpris de sa progression. J’ai toujours pensé qu’il serait pro un jour. Cela a toujours été son rêve, il était obstiné et à fond sur cet objectif. Au fond de lui, il y a sûrement toujours cru. C’est un grand plaisir pour moi de le retrouver sur le Tour de France aujourd’hui. C’était son rêve. Il va l’accomplir, et c’est beau. Ce sera un mois de juillet plein de découvertes pour lui. J’espère qu’il arrivera à passer ce cap. Et pourquoi pas faire quelque chose et aller chercher une étape (sourires). Il a de grosses qualités, c’est possible ».

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Portrait de Anthony PEREZ