AG2R La Mondiale : sérénité, maîtrise et triplé

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Difficile d’imaginer un meilleur début de saison, sur le sol hexagonal, pour la formation AG2R La Mondiale. Après les succès d’Alexandre Geniez sur le Grand Prix La Marseillaise puis de Tony Gallopin sur l’Etoile de Bessèges, l’équipe WorldTour a réalisé le doublé au classement général final du Tour La Provence, ce dimanche, toujours avec ses deux hommes forts de ce début d’exercice 2018 (voir classements). Comment les coureurs d’AG2R La Mondiale ont-ils vécu la dernière étape de ce Tour La Provence et la défense de leurs positions ? L’équipe misait-elle tout sur la défense du maillot de leader ou Rudy Barbier et Samuel Dumoulin avaient-ils des vues sur la victoire d’étape sur la Corniche ? DirectVelo a passé la journée au côté de Cyril Dessel, le directeur sportif, juste derrière le peloton.

UNE ÉCHAPPÉE SANS RÉEL DANGER

11h25 : les 106 rescapés du Tour La Provence sont sur le point d’en découdre une dernière fois, sur 166 kilomètres, entre Aix-en-Provence et Marseille. Décontracté et tout sourire, Cyril Gautier vient peaufiner les derniers réglages auprès de la voiture de Cyril Dessel. Après les trois premières journées de course, Alexandre Geniez est en tête du général, cinq secondes devant son propre équipier Tony Gallopin. Adversaire le plus dangereux : Rudy Molard (FDJ), à sept secondes. Cette dernière étape promet d’être animée sur des routes vallonnées. Le but sur cette dernière étape était de laisser filer une échappée qui nous avantageait et de contrôler le peloton par la suite”, expliquera Alexandre Geniez après l’arrivée. Le début de course est mouvementé et finalement, c’est un groupe de cinq qui s’extirpe avant le Col de Porte et ses 1,7 kilomètre à 5,4% de pente moyenne. Coureur le plus dangereux au général, Kévin Ledanois (Fortuneo-Samsic) pointe à 3’33”.

Rapidement, l’expérimenté Samuel Dumoulin prend les choses en main chez AG2R La Mondiale. “Tranquille les gars... Si les autres veulent gagner l’étape, qu’ils viennent rouler. Beubeu, n’en fais pas trop”, lance-t-il à son jeune équipier Benoît Cosnefroy, dont la tâche est une nouvelle fois de faire le tempo en tête de peloton. Le Champion du Monde sur route Espoirs en titre s’exécute, vite épaulé par un coureur de la Nippo-Vini Fantini. A l’arrière, ça parle stratégie entre les différentes formations. La FDJ de Jussi Veikkanen promet de mettre assez tôt un homme à rouler, pour favoriser une arrivée au sprint et les ambitions de Marc Sarreau. Même chose à la Cofidis, bien que Jean-Luc Jonrond souhaite ne mettre un homme à rouler qu’à partir de la zone de ravitaillement, soit vers la mi-course. Directeur sportif de la Fortuneo-Samsic, Yvon Ledanois vient également prendre le pouls auprès de Cyril Dessel. “Vous comptez faire quoi ?”, lui lance-t-il. “On peut laisser monter jusqu’à cinq minutes, il y a le temps”, répond l’ancien 6e du Tour de France 2006.

RUDY BARBIER NE SE VOYAIT PAS PASSER

En début de course, Cyril Gautier puis Alexandre Geniez viennent à la hauteur de leur directeur sportif pour un problème d’oreillette. Le peloton roule au train. Comme prévu, l’écart monte doucement mais sûrement : 4’55”, à 110 kilomètres de l’arrivée. “Tranquille les gars, pas de stress, surtout vu le final !”, insiste Samuel Dumoulin, dans le rôle du capitaine de route. “Il n’y a pas le feu”, rajoute Alexandre Geniez. Sans surprise, Benoît Vaugrenard (FDJ) vient bientôt donner un coup de main à AG2R La Mondiale, aux alentours du kilomètre 60. Il sera ensuite imité par son équipier Bruno Armirail alors que la Cofidis met également du coeur à l’ouvrage. La situation est sous-contrôle, et les AG2R La Mondiale s’assurent simplement de rester bien placés.

Entre temps, Rudy Barbier - un temps protégé - joue finalement les équipiers en apportant des bidons à ses partenaires. Alors que ces derniers souhaitaient le voir éventuellement jouer sa carte personnelle en cas de sprint, Rudy Barbier craignait de ne pas pouvoir passer le Col de l’Ange et la Gineste avec le peloton. Bien senti : il sera effectivement lâché dans les pentes les plus accentuées. Bien que la priorité reste à la défense du maillot de leader, on songe aussi à jouer un coup dans Marseille chez AG2R La Mondiale, mais avec Samuel Dumoulin. “Tu peux le faire ! L’arrivée te correspond, avec ce vent de trois-quarts face, un peu comme à Bessèges”, lance Cyril Dessel au coureur de 37 ans.

SAMUEL DUMOULIN, EN CAPITAINE DE ROUTE 

L’ancien vainqueur d’étape sur le Tour de France 2008 est protégé par Tony Gallopin dans le final, tandis que Cyril Gautier et Mathias Frank restent auprès d’Alexandre Geniez. Benoit Cosnefroy, lui, s’est écarté après avoir accompli sa mission. “C’est bien Beubeu, gros boulot encore une fois”, lui lance son directeur sportif au moment de le retrouver en queue de peloton. Arrive le dernier gros danger de ce Tour La Provence pour le leader de l’épreuve et sa formation : l’ascension de la Gineste. “Il va falloir se méfier des Direct Energie et des Fortuneo”, se disent Dessel et Dumoulin.

Ce sont finalement les Delko Marseille-Provence KTM qui se montrent les plus dangereux, avant que l’Espagnol Juan Camacho (Polartec-Kometa) ne se fasse la malle dans la descente vers la cité phocéenne. Sans danger pour AG2R La Mondiale. “On a pu compter sur des équipes qui voulaient arriver au sprint et en plus, le vent de face dans la Gineste a simplifié les choses”, admettra Tony Gallopin après le podium protocolaire. L’étape se joue bel et bien au sprint et voit le succès de Christophe Laporte. Samuel Dumoulin, quant à lui, termine à la 4e place. Alexandre Geniez et Tony Gallopin assurent le doublé au général, et AG2R La Mondiale s’offre ainsi les trois premières courses françaises de la saison. “C'était une super belle course, on s'est régalé”, sourit Alexandre Geniez. Après une dernière étape tout en maîtrise, le natif de Rodez et ses équipiers peuvent savourer.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Samuel DUMOULIN
Portrait de Tony GALLOPIN
Portrait de Alexandre GENIEZ