Steff Cras : « J'ai réduit le stress »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo.com

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Dans moins d'une semaine, Steff Cras pourra enfin annoncer qu'il passe professionnel en 2018. Le grimpeur belge de la BMC Development, 21 ans, bouclera ainsi une saison très régulière sur les grandes épreuves par étapes : 3e de la Ronde de l'Isard, 4e au Tour Alsace, 5e de la Course de la Paix, et peut-être top 5 au Tour de l'Avenir, lui qui occupe le 6e rang avant l'ultime étape prévue ce dimanche. "Tout s'est bien passé, je me sens mieux que prévu et l'équipe [de Belgique] a réalisé un super travail pour nous, explique-t-il. Mais je ne reviendrai pas sur le Tour de l'Avenir, car je suis censé découvrir des épreuves WorldTour en 2018 et ce serait un avantage injuste sur les autres amateurs de profiter de cette expérience. Par ailleurs, il faut laisser la place à d'autres jeunes, pour qu'ils puissent saisir l'opportunité de se montrer." Steff Cras se prête à un entretien décontracté avec DirectVelo. Une nouveauté fondamentale : l'ancien grand inquiet a gagné en sérénité.

DirectVelo : Il y a un an, tu abandonnais ton Tour de l'Avenir sur une blessure à la hanche et à la jambe. Pour ton retour sur cette épreuve de référence, dans quel état d'esprit es-tu ?
Steff Cras : Cet abandon était dramatique. Le Tour de l'Avenir constituait un objectif majeur... Et, tout à coup, j'avais l'impression que tout s'écroulait. Je m'étais très bien préparé. Mais, justement, je me suis rendu compte qu'avec cette préparation, j'en avais peut-être trop fait. Cette année, j'ai allégé les choses. J'ai décidé de ne pas faire de stage en altitude. La conséquence, c'est que j'ai davantage de fraîcheur. J'ai réduit la part de stress.

« NOUS SOMMES TROP OBSEDES PAR LE VELO »

Le stress t'a-t-il fait perdre des courses ?
Oui, peut-être, surtout l'année dernière, même s'il est difficile de dire lesquelles. Quoi qu'il en soit, dans l'hiver, j'ai décidé de travailler sur la pression avec l'aide de mon entraîneur et d'un psychologue. Je voulais donner un tournant à ma jeune carrière.

Concrètement, comment t'y prends-tu ?
J'écoute de la musique pour me détendre et je prends du temps pour ne penser à rien. Nous sommes trop obsédés par le vélo. Quand je ferme les yeux et que je me détends, je sens un poids quitter mes épaules.

Cela fonctionne ?
Je ressens les bienfaits de cette méthode. J'ai appris à devenir patient. Hélas, je n'ai pas toujours l'occasion de le montrer. Au Tour des Pays de Savoie, je suis tombé le premier jour et j'avais tellement mal que j'ai abandonné le dernier. Sur le Tour du Val d'Aoste, je tombe dans l'avant-dernière étape alors j'étais en lice pour le podium [il prend la 37e place du classement général remporté par son coéquipier Pavel Sivakov].

Des chutes et des contrariétés que tu acceptes beaucoup mieux désormais ?
Effectivement, je me dis que le vélo est fait ainsi...

« CHACUN A SA CHANCE A UN MOMENT OU A UN AUTRE »

Ton départ de Lotto-Soudal U23 était-il un autre moyen d'échapper au stress ?
Pas vraiment. Je souhaitais franchir un échelon de plus sur la voie du professionnalisme. Les équipes réserves de Lotto-Soudal et BMC ont un niveau très proche. Mais BMC Development est plus pointue encore sur la logistique et les moyens de travail. On a l'impression d'être déjà dans une démarche pro.

Donc, pas de tension particulière à évoluer auprès des meilleurs Belges, à la fois tes coéquipiers et tes adversaires potentiels ?
La concurrence au sein d'un même groupe existe aussi chez BMC Development. Cette année, j'ai souvent couru avec Pavel [Sivakov] qui est mon coéquipier et qui possède les mêmes objectifs que moi. Je ne me dis pas que je dois être meilleur que lui mais que je dois être le meilleur tout simplement. Si je ne suis pas devant lui, alors, c'est facile : je me mets à son service. Chez Lotto-Soudal U23, c'était exactement la même chose.

Est-ce si « facile » de se sacrifier dans une équipe où tous espèrent obtenir un bon résultat et passer pro ?
Oui, à condition de travailler réellement comme une équipe. Prenons l'exemple de cette saison. Au Tour de Normandie, notre leader était Pascal Eenkhoorn, donc, Pavel et moi, nous nous sommes mis à son service. Sur les épreuves en Italie, il nous a renvoyé l'ascenseur. Et sur le Tour Alsace, j'étais le seul leader. Chacun a sa chance à un moment ou à un autre.

L'an prochain, tu te sens prêt à rouler pour un grand leader ?
Oui. Je travaille toute cette saison en vue de 2018. C'est pour cela que je travaille la relaxation ou que j'augmente le nombre de jours de courses. Je veux être prêt. Je roulerai pour mes leaders. Dans le même temps, je continuerai à prendre de l'expérience.

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