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Opinions : « Trop de calcul en Coupe de France »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

Nouvelle rubrique en 2016 sur DirectVelo : un acteur du monde cycliste donne son point de vue sur une question d'actualité, un sujet de fond dans son sport. Ce soir : L'intérêt de la Coupe de France, par Jérome Gannat, directeur sportif du CC Etupes.

« Le cyclisme amateur français a besoin de la concentration des meilleurs coureurs pour élever le niveau. Si tout le monde reste dans sa région, personne ne progressera. La Coupe de France présente l'avantage de réunir les meilleurs clubs français. Ce sont des courses dures à gagner. Depuis que je suis directeur sportif au CC Etupes, nous n'en avons gagné que deux.

C'est le fil rouge de la saison, mais justement, tout notre programme est construit autour de cette Coupe de France et, parfois, cela nous met en porte-à-faux avec des courses de classe 2 qui nous conviendraient mieux. Cette année, le Tour du Lot-et-Garonne tombe en même temps que Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Avec onze coureurs, comment tu fais ? L'an passé, nous aurions bien aimé aller au Tour du Val d'Aoste mais il y avait la Coupe de France en face.

LA COUPE DE FRANCE NE RÉVÈLE PAS DE TALENTS

Je constate que la Coupe de France ne révèle pas de coureurs de talents. Depuis quatre à cinq ans, l'organisation renforcée des équipes empêche une course de mouvements. On calcule les points, les places. Le vélo, ce n'est pas être 28e pour marquer 4 points. Un coureur qui calcule déjà chez les amateurs, n'a pas sa place chez les pros selon moi. Au contraire, par le passé nous avons eu des bons coureurs qui n'ont jamais marqué plus de 60 points en une saison.

Quand on regarde bien, toutes les épreuves se ressemblent avec le même profil qui ne favorisent pas le mouvement. Mais il n'y a pas énormément de demandes de candidatures. Il faut l'accepter et ne pas se plaindre. On ne peut aller contre. Mais une épreuve pourtant dure comme Cours-la-Ville, en Coupe de France, n'en met pas partout et peut arriver au sprint. Les équipes demandent aux coureurs de ne pas aller dans les échappées car « ça ne va pas aller au bout ».

CONTRAIRE A L'OBJECTIF DE FORMATION DES DN

Les collectivités locales qui nous subventionnent comprennent la signification du label DN1. Dès lors, pour conserver ces subventions, il ne faut surtout pas être relégable. Il y a la pression du résultat. Et là, on sort de l'objectif de formation attribué aux DN. Voir un club comme Saint-Etienne souvent menacé de descendre alors que depuis des années, ils font un vrai travail de formation, ce n'est pas normal. En revanche, la Coupe de France n'est pas assez médiatisée pour attirer des partenaires privées. Au niveau presse régionale, personne n'en parle, même les magazines  spécialisés à part quelques articles sur Vélomag. Elle garde l'étiquette amateur et c'est un frein pour sa médiatisation.

Pour améliorer la Coupe de France, j'imagine un « Calendrier Prestige » avec seulement une partie des meilleurs équipes de DN. Le but est de toujours garder la concentration des meilleurs coureurs dans l'idée de progresser.

Je ne peux pas terminer sans parler de la manche piste obligatoire. Si elle ne l'était pas, nous n'y serions pas allés, même si nous étions premier au classement. Je sais qu'il ne faut pas dire qu'on est contre, sous peine de passer pour celui qui ne veut pas développer la piste. Mais je ne pense pas que cela amène des coureurs supplémentaires vers la piste à haut-niveau. On a vu aux derniers Championnats du Monde que l'endurance n'avait pas besoin des DN. Cette manche n'a rien à faire dans la Coupe de France. Mon objectif n'est pas de former des pistards. Chez nous, nous n'avons pas de vélodrome, pas de matériel et seul Damien Touzé en a déjà fait. Mais nous, les clubs, n'avons pas eu notre mot à dire. »

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