Warren Barguil : « Prêt à assumer un rôle de leader »

Pour ses débuts chez les professionnels, Warren Barguil n’avait pas choisi la facilité en intégrant une formation WorldTour étrangère : Argos-Shimano. A l’heure du bilan pourtant, force est de constater que le choix de l’ancien leader du CC Etupes s’est avéré payant. Très régulier tout au long de la saison puis époustouflant sur les routes du Tour d’Espagne, le vainqueur du Challenge DirectVélo 2012 a accepté de faire le bilan de son année 2013 pour DirectVelo.com.

« Je ne m’attendais vraiment pas à pouvoir réaliser une telle saison pour mes débuts chez les pros. Pour moi, 2013 devait avant tout être une année de transition. Je m’étais dit qu’il serait quasiment impossible d’aller gagner une course, d’autant que j’avais un gros programme de course avec pas mal d’épreuves WorldTour. C’est d’ailleurs une grande chance que d’avoir pu disputer toutes ces courses grâce à Argos-Shimano. En fréquentant régulièrement les meilleurs mondiaux, j’ai pu me rendre compte de tous les progrès que j’ai encore à faire. Et puis disputer toutes ces courses m’a permis de passer un palier.

« Argos-Shimano, une équipe qui me correspond totalement »

Grâce à mon stage avec Argos-Shimano en fin d’année dernière, j’ai rapidement pu me rendre compte de ce qui allait m’attendre tout au long de l’année 2013, et surtout de la différence de niveau à laquelle j’allais faire face entre les amateurs avec le CC Etupes et une équipe membre du WorldTour. Cela m’a aussi aidé à prendre mes marques plus rapidement dans l’équipe. Du coup je me suis senti à l’aise dès les stages hivernaux. Argos-Shimano est de toute façon une équipe qui me correspond totalement. C’est un groupe avec une grande cohésion. Personne n’a à subir l’autorité d’un ou l’autre des leaders. Chacun à son mot à dire pendant un briefing par exemple et c’est sans doute pour cela que l’équipe marche si bien. D’ailleurs je n’oublierai jamais le moment où j’ai chuté sur le Tour d’Espagne. Toute l’équipe m’a soutenu, des directeurs sportifs aux coureurs. Je pense notamment à mes collègues Johannes Fröhlinger ou Thierry Hupond qui sont restés à mes côtés jusqu’à la fin de l’étape. Ils m’ont rappelé que mon Tour d’Espagne n’était pas fini et c’est finalement à travers ce moment difficile que j’ai passé un cap mentalement. J’ai vu que l’on croyait beaucoup en moi chez Argos-Shimano et c’est bien grâce à cette équipe que j’en suis là aujourd’hui.

« J'ai retrouvé mon meilleur niveau sur le Dauphiné »

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je n’ai pas toujours été à 100% de mes capacités physiques cette saison. J’ai eu quelques problèmes notamment après ma chute sur Paris-Nice. J’ai dû me remettre à la musculation pour pouvoir consolider mon dos qui avait été fragilisé. Pendant quelques semaines, je suis allé chercher plusieurs places dans les vingt premiers (4e du Tour de Cologne, 18e du Tour de Turquie et 19e du Tour de Bavière, NDLR) mais j’avais du mal à être performant sur les arrivées au sommet en particulier. Ce n’est que lors du Critérium du Dauphiné que j’ai retrouvé mon meilleur niveau. A partir de là, j’ai su être très régulier sur chacune des courses auxquelles j’ai participé (18e du Critérium du Dauphiné, 14e du Championnat de France sur route, 17e du Tour de Pologne, NDLR). C’est une habitude pour moi d’être régulier. Je l’ai toujours été même chez les amateurs. J’aimerais maintenant faire de plus grosses performances encore sur les courses majeures de calendrier, et ce quitte à être moins régulier sur l’ensemble de la saison.

« La Vuelta, à jamais gravée dans ma mémoire »

Le Tour d’Espagne a peut-être changé ma carrière et m’a donné encore plus d’envie de performer. La première de mes deux victoires sur cette Vuelta à Castelldefels restera à jamais gravée dans ma mémoire, au même titre que la Route de l’Atlantique (Essor basque) en 2012, car j’ai pu une nouvelle fois y rendre hommage à mon grand-père décédé il y a près de deux ans maintenant. Quant à ma deuxième victoire d’étape sur cette Vuelta, c’était simplement énorme (lire ici). Je sais qu’après ces deux victoires au Tour d’Espagne, je serai très attendu en 2014, mais je n’ai pas trop peur de la pression journalistique pour autant. Je reste le même et je suis d’abord là pour prendre du plaisir sur le vélo. Et puis j’ai toujours entretenu de bonnes relations avec les médias alors il n’y a pas de raisons que cela change aujourd’hui... Une chose est certaine, je sens que j’ai progressé et je suis prêt à attaquer la saison prochaine dans le même état d’esprit que la précédente, avec l’envie de faire avancer l’équipe.

« Je sais que je peux faire mieux »

J’ai bien conscience que mon rôle risque quand même de changer dans l’équipe en 2014. Je me sens prêt à assumer un rôle de leader sur certaines courses par étapes grâce au travail que j’ai déjà pu réaliser avec le CC Etupes ou l’Equipe de France en amateur. Je sais ce que c’est de devoir défendre un maillot de leader ou de devoir résister à la pression. D’ailleurs quand j’y repense, je suis très satisfait d’avoir continué chez les amateurs en 2012 car j’ai pu y apprendre ce genre de fondamentaux. Je sais que je peux faire mieux l’année prochaine qu’en 2013, ce qui serait une suite logique dans ma progression. Dans la continuité de ce que j’ai pu réaliser cette saison, l’objectif principal sera de répondre présent sur les courses par étapes difficiles. Je pense à des courses comme Paris-Nice, le Tour du Pays basque, le Tour de Romandie ou encore le Critérium du Dauphiné, même si rien n’est encore officialisé.

« Liège-Bastogne-Liège m'inspire beaucoup, le Tour de Lombardie aussi »

J’en saurai beaucoup plus sur mon calendrier lors du prochain stage de l’équipe. Je disputerai peut-être le cyclo-cross de Lanarvily histoire de retrouver le public breton que je ne vois que très rarement. Viendront ensuite les choses sérieuses avec le Grand Prix d’Ouverture La Marseillaise pour débuter ma saison sur route de la même façon que l’an passé (il y avait pris la huitième place, NDLR). J’enchaînerai ensuite par le Tour d’Oman. Ce sont les deux seules courses sur lesquelles je suis certain d’être engagé à l’heure actuelle. Il est prévu que je dispute une nouvelle fois un Grand Tour en 2014. J’espère que ce sera le Tour de France, mais ça demande à être confirmé prochainement avec l’équipe. Les classiques d’avril me font également très envie. Je vais participer au triptyque ardennais pour prendre un maximum d’expérience, avec l’idée d’y faire un résultat dans les années à venir. Liège-Bastogne-Liège notamment est une course qui m’inspire beaucoup, tout comme le Tour de Lombardie en fin de saison. Tous les grands champions ont été chercher des résultats sur les plus belles classiques. Enfin, je vise aussi le Championnat du Monde sur route au mois de septembre, qui pourrait être l’une des courses les plus importantes de ma saison. »

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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