Edouard Lauber : « Connaître mes limites »

Edouard Lauber, 24 ans, a marqué les esprits l'an dernier en remportant une étape du Tour Alsace (2.2). Après deux saisons au Team Rémy Meder Haguenau, l'Alsacien a rejoint le CC Etupes. Bien que très pris par son travail d'ingénieur, il souhaite connaître ses limites. Edouard Lauber répond aux questions de www.directvelo.com.

DirectVélo : Que retiens-tu de ta saison 2012 ?
Edouard Lauber : Le bilan est positif. J'ai fait peu de courses mais je me suis fait plaisir quasiment à chaque fois. Comme à mon habitude, j'ai couru sans trop calculer, sans forcément jouer la gagne, en cherchant à attaquer de loin et à durcir la course. J'ai eu un début de saison compliqué mais c'est normal. Il faut toujours attendre que les jours s’agrandissent pour pouvoir s'appliquer à l’entraînement. Puis une première Elite en Suisse, à Fully où je fais 6e, m'a mis dans le bain. Cette course a lancé ma saison avec des podiums, jusqu'à une place de 3e au Tour de Berne. Puis il y a eu un coup d'arrêt, un peu de surmenage et un coup de fatigue, qui m'a valu une semaine d'arrêt, alors que le Tour de Franche-Comté débutait. C'était frustrant de rater cette épreuve, très montagneuse, et qui avait deux somptueuses étapes vers Le Locle et La Planche des Belles Filles. Deux étapes que je connaissais bien.

« Le Tour Alsace, juste terrible »

La forme est vite revenue...
J'ai remporté le Grand Prix d'Eguisheim puis la nouvelle course du club à Schweighouse-sur-Moder, chère à Rémy Meder. Puis il y a une satisfaisante 2e place à Gamaches qui venait récompenser le travail de l'équipe en DN2. Jusqu'à là, le Team jouait de malchance sur les manches de Coupe de France DN2. Clairement, le classement ne reflétait pas les valeurs réelles de l'équipe.

Et en juillet, tu remportes une étape du Tour Alsace...
C'était ma deuxième course par étapes de la saison après le Tour du Pays roannais. J'étais très déçu de ne pas avoir attrapé le bon coup du deuxième jour. Je savais que c'était mort pour le général. Alors il fallait assurer dès le lendemain et ne plus calculer, ça tombe bien c'est ce que préfère ! Je me suis fait plaisir le lendemain en accrochant l'échappée, en donnant tout pour aller le plus loin possible, et comme ça sentait bon, j’ai jugé nécessaire d'attaquer le premier. C'est un bon souvenir.
La dernière étape également restera un grand souvenir, attraper la bonne et passer en tête sur toutes mes routes d’entraînement, c'est juste terrible ! Surtout quand les personnes vous attendent. C’était le minimum que je me devais leur proposer ! Il m'a manqué un peu d'énergie pour peser sur la course dans le Ballon d'Alsace, mais ça restera un grand moment.

« On me disait qu'il y avait quelque chose à faire »

Est-ce un regret de ne pas avoir pu signer chez les pros suite à ta victoire au Tour Alsace ?
Oui forcément, mais c’est clair qu’à 24-25 ans il est difficile de convaincre une équipe professionnelle, surtout si vous n’avez jamais été en Equipe de France Espoirs, ni fait du vélo à temps plein dans une belle DN1. C’est normal. Après le Tour Alsace, honnêtement, je pensais que tout allait être pareil, boulot, vélo et de temps en temps une course. Je pensais toujours que j’étais un coureur amateur comme les autres, même si depuis quelques saisons mes coéquipiers, directeur sportifs et cyclistes proches me disaient qu’il y avait quelque chose à faire.

Qu'as-tu fait alors ?
A force d’en parler, j’ai quand même fini par me pencher sur mes tests. Je me suis intéressé au problème. Grâce à Hervé Gebel et Alban Lorenzini, j’ai compris que j'étais peut-être passé à coté de quelque chose dans le monde du vélo, et qu’il fallait que je commence à m’appliquer pour connaître mes limites et ne pas avoir de regrets malgré mes 24 ans. Un de ces changements était le passage en DN1 !

« Je suis quelqu’un d’assez has-been »

Pourquoi as-tu opté pour le CC Etupes ?
Pour les couleurs du maillot ! (sourires) Plus sérieusement, le CC Etupes est selon moi la meilleure équipe amateur du moment. C'est l'équipe que tous les jeunes, et moins jeunes, souhaitent intégrer pour viser le professionnalisme. Le club a fait ses preuves avec un cyclisme de pointe. Il n'y a qu’à constater le nombre de coureurs professionnels, brillants, qui sont passés par le CC Etupes ! Je suis quelqu’un d’assez « has-been ». Je pense qu’ils sauront progressivement changer mes habitudes et moderniser mes méthodes pour tirer le meilleur de moi-même. Bien entendu, c’est à moi de m’appliquer et mettre toutes les chances de mon côté. Mais c’est toujours plus facile dans un environnement favorable !
De plus, je pense que le CC Etupes reste un club familial, avec des valeurs humaines, des personnes passionnées et posées.

Qu'attends-tu de la saison 2013 ?
Sur le plan personnel, progresser et briller sur des belles courses vallonnées ou même montagneuses. Cela passera par de gros progrès notamment en contre-la-montre. Pour le reste, ça coule de source, faire le job d’équipier, mais si la forme est là ça ne devrait pas poser trop de problèmes.

Auras-tu plus de libertés pour t'entraîner cette année ?
L'objectif est de faire plus de vélo, et mieux. Mais il est vrai que trouver du temps libre et des congés, ce n’est pas évident en restant à temps plein. Démissionner à 24 ans dans le contexte économique actuel aurait été de l’inconscience. Les temps partiels se font également rares en ce moment. En revanche je travaille activement avec mon employeur actuel pour libérer des jours pour aller sur les courses. Si en prime je parviens à libérer un après-midi dans la semaine, ce sera bon. Cela me permettra de garder un pied dans le monde du travail et de rouler davantage. Je suis confiant.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki d'Edouard Lauber.

Crédit Photo : Elisa Haumesser - Cycling Pictures
 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Edouard LAUBER