Dans un mois débutera le Championnat du Monde de cyclo-cross. Un évènement évidemment important pour la nation hôte, la République Tchèque. "Ce sera le moment le plus fort de notre saison", martèle Michael Boros à DirectVelo. À 31 ans, le Champion national va connaître son troisième mondial sur ses terres. "Je viens de Tabor, donc pour moi, c'est vraiment un truc à part. Mais tout le monde vit cette saison en fonction de cette date. Cette année, je vois des jeunes qui sont bons et qui sont concentrés sur la discipline. Cela donne le sentiment que notre niveau est plus élèvé". Petr Dlask, sélectionneur national, confirme les propos de son meilleur coureur Elite. "Pour les jeunes, c'est une très grosse motivation. Les filles et les garçons, nés entre 2006 et 2009, s'investissent dans la pratique du cyclo-cross. On va tout faire pour qu'ils restent motivés, mais ce n'est pas gagné".

COMME ZDENEK STYBAR, LES JEUNES CHOISISSENT LA ROUTE

L'ancien vice-Champion du Monde ne retrouve pas la densité d'athlètes de haut niveau comme il l'avait connue à l'époque où il courait sur le circuit international. Dans les années 80, la Tchécoslovaquie était la nation phare du cyclo-cross chez les Amateurs. Au début du siècle, la République Tchèque comptait chaque année des coureurs parmi les 10 premiers du Championnat du Monde, avec comme apogée les trois médailles d'or de Zdenek Stybar en 2010, 2011 et 2014. "J'espère que la situation va s'améliorer et que cette discipline n'est pas morte dans notre pays. On a perdu beaucoup de talents pour le VTT ou la route, dit Petr Dlask. Nos régions offrent de bons terrains pour la pratique de ces deux disciplines. Pour faire du cyclo-cross, ils doivent aller souvent en Belgique ou y vivre et quitter leur famille. Ils préfèrent un schéma plus simple comme l'offre la route. Je me rappelle durant ma carrière. Je voyageais toutes les semaines, le plus souvent en voiture ou avec l'avion quand les billets n'étaient pas trop chers. J'en parle souvent avec Styby (Zdenek Stybar, NDLR). Il me demande régulièrement comment on peut améliorer cette situation et pourquoi on perd des coureurs. Avec lui sur les circuits de cyclo-cross, on avait une star. Ça draine du monde une star. Mais cette star, elle a choisi la route...".

NE PAS REVIVRE LE TABOR 2015

Les Mondiaux se sont déjà posés trois fois à Tabor. Les deux premières éditions ont souri au contingent tchèque. En 2001, ils avaient raflé six des douze médailles mises en jeu, dont l'argent par Petr Dlask sur la course Elite et un podium 100% tchèque chez les Juniors. Neuf ans plus tard, Zdenek Stybar s'offrait le premier de ses trois maillots arc-en-ciel en Elite. Et chez les Juniors, Tomas Paprstka battait Julian Alaphilippe dans la course au titre. Puis, en 2015, comme un symbole de la lente régression de ce sport dans ces contrées, le Champion du Monde en titre, Zdenek Stybar est forfait sur blessure. Ce premier Mondial de l'ère Van der Poel-van Aert seront une désillusion pour la République Tchèque. Seule Katerina Hanusova, devenue Nash depuis son mariage et son déménagement aux Etats-Unis, sauvera l'honneur à 38 ans en intégrant le Top 5. Cet hiver, c'est vers la très jeune génération que les Tchèques se tournent pour espérer une médaille. Et pourquoi pas Krystof Bazant ? Il n'a que 16 ans mais il a déjà terminé 2e en Coupe du Monde à Namur. "Ce type de résultats, j'en rêve ! Un Championnat du Monde dans notre pays, cela m'oblige à tout faire en fonction de ça. Il faut que ce soit le grand moment de l'année", assure le Junior à DirectVelo. Enthousiaste, il voudrait continuer après cet hiver et revenir dans les labourés la saison prochaine, mais au grand dam de Petr Dlask, il ne veut rien promettre au-delà. "Je ne suis pas sûr aujourd'hui de vouloir faire une carrière en cyclo-cross. Je suis également attiré par d'autres choses comme le VTT cross-country", discipline où il a été sacré Champion d'Europe U17 cet été en Italie.