Maëlle Grossetête : « Contente de repartir à zéro »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

C’est un changement majeur qui attend Maëlle Grossetête cet hiver. Après six saisons à la FDJ, l’athlète de 25 ans a décidé de changer d’air et de se lancer le défi de rejoindre une formation étrangère, à savoir la WorldTeam américaine Human Powered Health d’Audrey Cordon-Ragot. En attendant, c’est dans les labourés que l’ancienne lauréate d’une manche nationale de cyclo-cross - Quelneuc 2015 - s’est remise en selle. DirectVelo a fait le point avec la Haut-Savoyarde en marge du week-end de Coupe de France d’Albi (Tarn). Entretien.

DirectVelo : Ton week-end à Albi ne semble pas s’être déroulé de la meilleure des façons…
Maëlle Grossetête : Je suis tombée dimanche et je me suis luxée l’épaule. Heureusement, ça ne va pas si mal. Je suis strappée mais je serai vite remise. Il va simplement me falloir dix-quinze jours un peu plus cool, avec pas mal de séances de kiné, et ce sera bon. Sportivement, j’ai souffert aussi le samedi (19e, NDLR). Mais je tenais à venir. Je voulais faire un week-end de Coupe de France même si c’était loin de la maison. Lors du week-end de Quelneuc, j’étais encore en coupure et pour le dernier week-end de Coupe de France, je serai en stage avec l’équipe. C’était la seule opportunité.

Tu n’avais pas terminé non plus le cross UCI de Dijon. N’est-ce pas frustrant pour toi qui a eu, un temps, l’habitude de jouer les tout premiers rôles dans la discipline ?
Si, c’est sûr que ce n’est plus la même chose mais le niveau est beaucoup plus homogène qu’avant. Il y a plus de filles au départ et des teams qui se sont créés. C’est une bonne chose. De mon côté, je n’en ai plus fait pendant cinq ans. Quand tu ne t’entraînes pas spécifiquement pour la discipline, c’est compliqué d’espérer jouer devant. J’ai des lacunes techniques. Je perds donc beaucoup de temps sur cet aspect-là mais aussi sur la grille de départ, déjà, en partant de loin. Dans le premier virage, je suis déjà à 10” de la première. Ce n’est pas un cadeau mais c’est le jeu. En faisant une grosse saison et une préparation assidue, on peut vite remonter sur la grille. Il n’y a pas à se plaindre.

« JE N'ÉTAIS PLUS EN PHASE AVEC CERTAINES CHOSES »

Te reverra-t-on sur d’autres cross cette saison ?
Je ne vais pas courir le week-end prochain à cause de cette blessure mais normalement, je serai bientôt à celui d’Auxerre, oui. Puis il y aura ce stage avec ma nouvelle équipe. Ensuite, je compte bien participer au Championnat de France. Avant ça, je disputerai deux autres cross de préparation pendant les Fêtes.

Ce Championnat de France de cyclo-cross, tu le disputeras non plus sous le maillot de la FDJ-Suez mais avec celui de Human Powered Health !
C’est un choix que j’ai fait il y a un moment. Dès le début de cette saison 2023, je savais que je voulais changer d’équipe l’année prochaine. J’avais envie de voir autre chose. Je suis passée pro à la FDJ en étant Espoir 2, il y a déjà six ans. J’ai appris plein de choses dans cette équipe, c’était top. Mais j’ai besoin de prendre un nouveau départ maintenant, d’autant que je n’étais plus en phase avec certaines choses dans l’équipe.

« J’AI FINI PAR NE PLUS AVOIR LA MOINDRE CONFIANCE EN MOI »

C’est-à-dire ?
J’ai besoin de retrouver confiance en moi. J’ai perdu cette confiance en étant constamment dans un rôle d’équipière. Je ne suis pas sûre d’avoir eu deux ou trois opportunités en six ans à la FDJ… Y compris sur les courses d’un moindre niveau. Certains discours tenus durant la préparation hivernale n’ont pas été tenus. Alors bien sûr, j’ai un tempérament d’équipière et j’ai toujours fait le travail à 100% pour le collectif. Mais le problème, c’est que j’ai fini par trouver ça normal de péter à tant de bornes de l’arrivée sur chaque course, etc.

L’équipe FDJ-Suez est l’une des plus solides au monde et compte de grandes leaders comme Marta Cavalli, Evita Muzic ou Cecilie Uttrup Ludwig. N’était-il pas logique que tu sois cantonnée à ce rôle d’équipière pour le collectif ?
Être équipière, oui, mais c’est plus compliqué que ça… J’ai fini par ne plus avoir la moindre confiance en moi à force que l’on ne me montre que très peu de reconnaissance. C’est un engrenage, on en vient à se convaincre que c’est notre niveau. Mais en me remettant en question, en prenant du recul, je me suis dit que j’étais capable d’autre chose. Lorsque je suis arrivée à la FDJ, j’étais une attaquante. Je tentais des choses, je roulais avec panache et ça me plaisait. J’ai fini par perdre tout ça et à m’habituer… J’ai besoin de sentir que l’on me fait confiance, même si je ne crache pas dans la soupe et que je garderai aussi de très bons souvenirs de ces six années au sein de la FDJ-Suez.

« REFAIRE MES PREUVES »

Et c’est donc du côté de l’équipe Human Powered Health, toujours au niveau WorldTour, que tu comptes retrouver cette confiance !
Bien sûr, j’avais besoin d’une équipe qui me donne ma chance, qui m’écoute, qui soit prête à échanger sur tout et n’importe quoi, quitte à parfois s’engueuler mais c’est aussi plus sain. J’étais en contact avec l’équipe depuis le mois de mai. J’ai eu peur que ma lourde chute sur la RideLondon Classic ne gâche tout mais finalement, ça l’a fait malgré cette blessure à l’épaule. Je viens chercher une nouvelle façon de faire, une nouvelle expérience. J’ai hâte.

Comment imagines-tu cette saison 2024 ?
Je compte avoir un rôle fort sur les plus grosses courses du calendrier, que ce soit sur les Grands Tours en tant qu’équipière, notamment pour notre sprinteuse (Daria) Pikulik ou lors des Classiques, pour épauler Audrey (Cordon-Ragot). En fonction des circonstances, j’imagine que j’aurai aussi ma carte à jouer lors de certaines épreuves. Je connais déjà mon calendrier prévisionnel pour toute la saison, c’est un vrai confort pour la préparation. Je suis contente de repartir à zéro. J’ai besoin de devoir refaire mes preuves sur le vélo. Évoluer dans une équipe étrangère était aussi le but, pour voir d’autres mentalités. Je ne connais personne dans l’équipe hormis Audrey mais ça ne me fait pas peur, au contraire. C’est un nouveau challenge.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Maëlle GROSSETÊTE