Nicolas Vinokourov : « Je ne comprends pas les critiques »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Il est donc temps de faire le grand saut. 26 ans après son père, Nicolas Vinokourov va à son tour devenir un coureur professionnel, au sein de la WorldTeam Astana. Une première consécration et le début d’un nouveau chapitre qu’il espère le plus long possible. “Ce passage dans l’équipe première s'est décidé assez tard. On voulait attendre la fin de saison. On a vu que je montais en pression et que j’étais de plus en plus régulier, alors on s’est dit que l’on pouvait tenter le coup”, explique l’athlète de 21 ans auprès de DirectVelo.

Le Champion du Kazakhstan Espoirs sur route se sent-il prêt à se confronter aux meilleurs coureurs mondiaux, lui qui n’a pas décroché de grands résultats en Europe cette saison ? “Je me sens prêt. De toute façon, c’est en enchaînant les courses du plus haut niveau mondial que je vais m’habituer et que je vais progresser”, répond celui qui a toujours clamé vouloir prendre son temps et franchir les étapes les unes après les autres. “On est tous différents. Certains sont capables de gagner des courses du WorldTour dès leur sortie des Juniors. D’autres pensent qu’ils peuvent le faire mais se cassent les dents. Et d’autres encore se crament et arrêtent le vélo assez vite en passant trop jeunes… Ce dont je suis sûr, c’est que je progresse d’année en année. Mon père m’a toujours dit de ne pas brûler les étapes et je garde toujours ça à l’esprit. Si je passe dans la WorldTeam maintenant, c’est parce que l’on considère que c’est raisonnable de le faire”.

« JE SAIS QUE JE PEUX PERFORMER »


Nicolas Vinokourov a beaucoup souffert lors des épreuves françaises du début de saison, le Tour des Alpes-Maritimes et du Var puis les Boucles Drôme-Ardèche. Des compétitions disputées sous le maillot de l’équipe réserve d’Astana. Mais après coup, il tient à relativiser. “On a souffert en début d’année, c’est vrai. Surtout Alex qui a pris un gros coup derrière la tête” (lire ici), rappelle-t-il en évoquant son frère jumeau, alors que les deux garçons avaient aussi disputé le Tour d’Oman (ProSeries) en 2022. “Mais sincèrement, je ne m’étais pas inquiété à ce moment-là. Je sais que je peux performer. L’an dernier, j’ai fait 20e d’étape et 22e du général au Tour de l’Ain, c’était une Classe 1 et il y avait du monde. Je veux bien que l’on critique mon début de saison, mais je n’étais pas le seul à souffrir. J’étais en méforme. J’ai aussi été malade à un moment donné. Je ne me cherche pas d’excuses, je dis simplement que ça s’est mieux passé par la suite”.

Lors du dernier Tour de l’Avenir, il a ainsi pu mesurer tous les progrès effectués au fil de ses participations à l’épreuve phare du calendrier U23 (lire ici). “J’en garde de bons souvenirs. Je n’étais même pas cramé au bout des dix jours de course. Je me sentais de mieux en mieux et j’étais encore bien les jours suivants à l’entraînement. J’espérais gagner en Turquie après ça, ce n’est pas passé loin même si j’ai tout fait pour aller chercher une étape”. 2e du Tour de Van puis 3e du Tour d’Istanbul, il a en effet cumulé cinq Top 10 d’étapes en huit jours de course lors de ces deux épreuves de Classe 2.

« J’EN AI FAIT UNE MOTIVATION »

Pour autant, lors de l’annonce de son passage dans la WorldTeam, Nicolas Vinokourov a eu droit à une vague de commentaires pas forcément agréables ou bienveillants. “Il y a eu tellement de messages de ce type que ça ne me fait plus rien. Depuis cinq-six ans, c’est incessant. Quand je ne marche pas, on dit « merci papa d’avoir quand même une place » et quand je marche, on dit « merci papa pour les produits...». Je vois ça sur tous les posts qui me concernent dans la presse, lors de chacune de mes interviews. Ça ne me dérange même plus. Au contraire, j’en ai fait une motivation”. Le jeune homme admet être tout de même dubitatif. “Je ne comprends pas les critiques. Dans l’équipe Astana, il y a un quota à respecter de nombre de coureurs kazakhs. Je crois que c’est dix. Ce n’est pas choquant que je passe, j’ai été Champion national Espoirs cette année. Je crois que les gens critiquent juste pour le plaisir de le faire”.

Une chose est sûre, le fils « Vino » a désormais les yeux rivés sur 2024 et il ne compte pas aborder ce nouvel exercice annuel comme il l’avait fait l’hiver dernier. “J’espère être prêt en début de saison. Je veux vraiment être bien mieux que cette année sur les premières courses. J’aborde donc toute cette période de préparation différemment”. Après avoir bien soufflé et posé le vélo de route au garage pendant trois semaines, entre marche, trails et un peu de VTT, le voilà lancé dans sa préparation foncière depuis début novembre, sur ses habituelles routes d'entraînement autour de Monaco. Avant de retrouver une première fois ses futurs coéquipiers en Espagne, du 6 au 20 décembre prochains. “J’aimerais enchaîner les courses par étapes assez vite en début d’année pour prendre le rythme”. Mais là encore, pas question de sauter les étapes. “L’idée n’est pas d’aller sur des courses du WorldTour. Je ferai des ProSeries et des Classe 1. Mais j’aurai quand même de la pression, c’est sûr. Ce qu’il faut absolument, c’est garder la tranquillité que j’ai toujours eue, et voir à long terme”.

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