Mikaël Cherel : « C’était mon virage à moi »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Mikaël Cherel a bouclé la boucle. C’est en Normandie, sur ses terres, devant les siens, que le Manchois a disputé la dernière course de sa carrière professionnelle en France, ce dimanche, à l’occasion de la Polynormande. Le coureur d’AG2R Citroën Team a tenté de gagner sa première course chez les professionnels en attaquant dans l’avant-dernier tour. En vain mais il a pu monter sur le podium lors de la cérémonie protocolaire, entouré de sa famille, pour bénéficier d’une belle ovation. Il est revenu sur sa journée et sa carrière au micro de DirectVelo.

DirectVelo : La Polynormande était ta dernière course en France… 
Mikaël Cherel : C’est tout un symbole. Ce sont mes terres natales, là où j’ai fait mes premiers tours de roues, là où j’ai commencé à rêver… La Polynormande était à l’époque un critérium professionnel. Je rêvais de le faire. J’ai ensuite rêvé de gagner la Poly Cadet car le vainqueur était toujours sur le podium avec les professionnels. Petit à petit, j'ai gravi les échelons. J’aime les symboles et je tenais vraiment à revenir ici. 

Tu n’étais plus revenu sur la Polynormande depuis 10 ans… 
Il y a eu tout un tas de circonstances au cours de ma carrière qui m’ont fait évoluer sur le circuit WorldTour. Ce fut à mon plus grand plaisir, mais malheureusement ces courses avaient lieu en même temps que la Polynormande et je n’ai pas pu y venir autant de fois que je l'aurais souhaité. Cette année, je tenais absolument à y être. En tout début d’année, je souhaitais terminer ma carrière ici lors du Championnat de France en 2024, mais les exigences du haut niveau sont compliquées et je pense qu’il est temps de terminer. Je préfère finir sur une bonne note et en bonne santé. C’est un chapitre de 17 ans qui se tourne.

« C'ÉTAIT CHOUETTE »

Tu as contre-attaqué à 16 kilomètres de l’arrivée…
J’avais dit la veille que c’était là que j’allais attaquer. Je suis sorti exactement là où je dois le faire si je veux gagner la course. J’ai tenté. Il m’a manqué un peu de jambes et derrière, ça s’est organisé pour arriver au sprint. Il n’y avait rien à faire. J’ai pris un bain de foule et c’était chouette. Toute ma famille est là, c’est top.

Tu as dû apprécier les encouragements du public normand…
Je leur devais un peu ça. J’ai attaqué pour essayer de gagner mais aussi pour remercier tout le monde. Je ne pouvais pas me contenter d’attendre dans le peloton. J’étais à fond, mais l’ovation du public au passage sur la ligne était ultra-grisante. C’était génial. C’est un des privilèges de faire ce métier. Les grands champions le vivent sur toutes les courses, mais pour moi le vivre de temps en temps est agréable. Pour un mec qui n’a pas gagné une course chez les pros, c’est bien d’être reconnu comme ça. C’était une ligne droite, mais c’était mon virage à moi (rires).

As-tu eu un pincement au cœur dans le dernier tour ?
Non, au contraire, c'était un grand bonheur. Le sport est un vecteur d’émotion et j’espère pouvoir les vivre dans ma vie d’après. C’est ce qui sera difficile. C’est rare d’avoir ces émotions dans son métier. On a cette chance inouïe. J’espère aussi avoir apporté un peu de bonheur aux gens sur les bords des routes. C’est une reconnaissance mutuelle qu’on a les uns pour les autres.

« ÇA SERAIT UN BEAU SYMBOLE »

Tu vas te rendre sur le Tour d’Espagne. Que peux-tu en attendre ?
J’aurai quelques opportunités. J’espère que les jambes seront bonnes pour attaquer en montagne. Les étapes de moyenne et haute montagne me conviennent mieux que ce type de circuit. Les longues étapes sur le WorldTour m’ont rendu un peu diesel. Sur un circuit difficile, j’ai un peu perdu cette habitude des relances. C’est la base du vélo, mais je m’en suis un peu éloigné en faisant des Grands Tours. Ça fait du bien de mixer les deux, ça me fera du bien pour la Vuelta.

Qu’est-ce qui a le plus changé dans le vélo depuis tes débuts ?
C’est l’économie du vélo, tout est plus structuré. Le métier s’est ultra-professionnalisé. Quand je suis passé pro, je ne m’imposais pas le niveau d’exigence que je me suis imposé ces dernières années. Peut-être que j’aurais dû… Ma carrière aurait alors peut-être pris une toute autre tournure. Mais je ne regrette pas. J’ai vécu de grandes émotions. J’ai eu des enfants assez tôt dans ma carrière et le fait qu’ils m’aient vu évoluer à ce niveau est une fierté. Ça serait un beau symbole que je sois là dans 6 ans pour encourager mon fils sur la Poly Cadet (rires).

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