Moyon Percy VC : « Si tu attends les moyens pour grandir, tu ne grandis pas »

Crédit photo Ronan Caroff - DirectVelo

Crédit photo Ronan Caroff - DirectVelo

Il y a une semaine, toute la troupe du Moyon Percy Vélo-Club montait sur le podium du Trophée Louison-Bobet pour recevoir le prix d'équipes. Plus exactement, c'est Le Pelley Electricité U19 car depuis 2020 le club de la Manche a trouvé un partenaire pour patronner sa section Juniors. Ce prix d'équipe récompense l'investissement du club pour ses moins de 19 ans et satisfait Pierrick Leclerc, directeur sportif salarié du club. "Ils sont tous J1. Ils ont un entraîneur mis à disposition par le club, nous avons organisé trois-quatre stages cet hiver. Ils ont des stages communs avec la N2", présente-t-il à DirectVelo. Juniors, N2 mais aussi école de vélo, Moyon Percy Vélo-Club est un club complet de 110 à 120 licenciés, pour deux communes qui abritent un peu plus de 4000 habitants à elles deux, à côté de Saint-Lô.

« UN PERMANENT POUR PÉRENNISER L'ASSOCIATION »

Pour se développer, comme tous les clubs, Moyon Percy VC a eu besoin de bonnes volontés. Parti d'une association de cyclos dans les années 80, il fait le saut de l'affiliation en FFC fin 2014. Ironie du sort, à l'époque, Pierrick Leclerc, ancien coureur Elite du début des années 2000, n'en voit pas l'intérêt. "Je trouvais qu'il y avait déjà assez de clubs dans le coin et que ça faisait un club de plus", se souvient-il. Mais il reprend une licence en 2015, ramène des résultats mais aussi des nouveaux coureurs. Il devient aussi vice-président et passe beaucoup de temps pour le club. "J'étais bénévole mais ça faisait presque un temps plein. Déjà quand nous étions en N3, nous avions le fonctionnement d'une N2. C'était nécessaire d'avoir un permanent pour pérenniser l'association". Pierrick Leclerc entame une reconversion professionnelle et passe son DEJEPS pour devenir salarié en 2020.

Pour cette création d'emploi, Moyon Percy Vélo-Club va demander et toucher la subvention de l'Agence Nationale du Sport (ANS) pour l'aide à l'embauche les deux premières années. D'ailleurs, en ce mois de mars, les clubs peuvent déposer leurs demandes de subventions à l'ANS jusqu'au 14 avril. Ces demandes doivent concerner des activités en lien avec le projet fédéral. Pierrick Leclerc fait des demandes chaque année, "pour l'école de vélo, la formation et le perfectionnement des jeunes, l'organisation d'évenements". Mais ce n'est pas toujours la panacée. "Si tu montes un projet avec un budget à 8 000-10 000 euros et que tu ne reçois que 1 000-1 500 euros, tu ne peux pas mettre en place toutes les actions. On est obligé d'ajuster et on fait des choses moyennes. Puis on doit augmenter la participation demandée aux jeunes", précise-t-il.

« LE DÉVELOPPEMENT, C'EST DU TEMPS À PASSER »

Mais le club de la Manche ne vit pas que des subventions de l'ANS, loin de là. "Si tu attends les moyens pour grandir, tu ne grandis pas. Ce sont les projets qui font que tu continues". Des idées, on n'en manque pas dans le club. Dans le cadre de son DEJEPS, Pierrick Leclerc a créé un format de course, le Starbike Challenge, une course d'orientation, à la sortie du confinement de 2020. "Mais on a arrêté car il faudrait une personne qui s'en occupe. Le développement, c'est du temps à passer". Il faut aussi de l'argent et le tissu économique autour de Saint-Lô n'est pas extensible. Il faut donc s'ouvrir à toutes les solutions. L'équipe Juniors a ainsi pris le nom d'un partenaire. "Grâce à nos licenciés nous avons attiré une quinzaine de mécènes et en contre-partie, ils bénéficient d'une réduction de l'adhésion". Toujours au sujet des moins de 19 ans, Pierrick Leclerc lance des pistes. "Ce serait intéressant d'avoir un système de labellisation chez les Juniors avec une ou deux divisions, ça permettrait d'être reconnu auprès des collectivités pour prétendre à des subventions".

La reprise des compétitions après le Covid a inspiré l'éducateur pour donner de l'activité aux jeunes. "Nous avons organisé une manche du Trophée Madiot 2021 sur deux jours. Des qualifications le samedi et la finale le dimanche. On évitait ainsi un peloton de 200 coureurs, ça faisait travailler la tactique et permettait à plus de coureurs de s'exprimer dans des pelotons de 40 coureurs". Mais à l'entraînement aussi, les jeunes du club sont encadrés et même escortés. "Le credo, c'est la sécurité sur la route. Le mercredi, j'ai trois groupes à l'entraînement : Benjamins, Minimes et Cadets. Il y a une voiture pour chaque groupe, il faut donc trouver trois véhicules et trois chauffeurs. Sans ça, les parents ne les laisseraient pas y aller". Le samedi matin, c'est l'école de vélo qui mobilise six ou sept éducateurs. Un dirigeant féru de piste a monté un groupe qui a obtenu le label Team piste formation. "Nous sommes adhérents du vélodrome de Fougères, il nous faut deux heures de camion pour aller et revenir. Pour les compétitions hivernales, ils vont à Roubaix. Ça montre aux pratiquants qu'il y a une activité piste chez nous".

« QUATRE OU CINQ PERSONNES DANS LES LOCAUX »

Le local du club au maillot jaune et noir ressemble à une ruche. Il y a toujours de l'activité. "Il y a une chargée de communication en alternance, un service civique, une trésorière bénévole qui passe une journée par semaine au club et moi-même. Il y a régulièrement  quatre ou cinq personnes dans les locaux". Les différents fronts des compétitions demandent aussi de la main d'œuvre. "Pour le week-end, nous avons deux directeurs sportifs en formation avec le comité de Normandie, il y a un directeur sportif avec les Juniors. Pour chaque déplacement, il faut un mécano et un assistant. Pour trois courses le même week-end, ça demande six personnes". Pour continuer d'attirer des coureurs en N2, il est important de multiplier les déplacements. "Il faut montrer que le calendrier est intéressant".

Le Moyon Percy Vélo-Club cherche aussi à développer le Savoir rouler à vélo mais ce marché est concurrentiel et il peine à rentrer dans les cours d'école. Mais il existe d'autres façons pour le club d'encourager la pratique. "Nous avons ouvert un atelier mécanique. Nous intervenons dans les entreprises. À Saint-Lô, nous collaborons avec une association d'insertion pour retaper des vélos pour leurs bénéficiaires. En échange d'une adhésion, nous pouvons aussi faire les réparations pour la population locale". Cet atelier est né naturellement pour rendre d'abord service aux adhérents du club. Le développement, ça commence par rendre service à ses licenciés.

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